famille homoparentale
Charline nous a raconté son histoire. © Loc Dang/Pexels

“J’ai grandi dans une famille homoparentale dans les années 90”

Charline a grandi dans une famille homoparentale. Elle témoigne dans le but de briser les préjugés qui perdurent autour du sujet. Car elle a vécu une enfance des plus normales, malgré un contexte pas si tolérant que ça.

La question de la place d’un enfant au sein d’un couple homosexuel est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre. Et si les mentalités évoluent, certaines fausses croyances ont encore la dent dure. Ces familles, faites de deux papas ou de deux mamans, sont-elles aussi différentes que d’aucuns peuvent le penser? Nous avons rencontré Charline, 30 ans, née de l’amour de deux femmes désireuses de construire un foyer.

PMA et don de sperme

L’histoire de Charline est somme toute banale: deux personnes tombent amoureuses et voient naître en elles l’envie de fonder une famille… Seule particularité: la naissance est ici désirée par deux femmes, en couple depuis les années 80. “À cette époque, le mariage gay était interdit, ne parlons pas de l’accès à la parentalité pour les homosexuels. C’est la raison pour laquelle une de mes mamans est allée à l’hôpital, en tant que femme seule, afin d’entamer un processus de procréation médicalement assistée avec don de sperme”.

Très vite, la maman de Charline tombe enceinte. Une grossesse dans laquelle s’implique beaucoup sa deuxième maman, qu’elle appelle “marraine”. “Elle l’a accompagnée aux rendez-vous médicaux, aux échographies… Tout comme un papa pourrait le faire”. Charline naît en 1991.

Une enfance comme les autres?

Si la famille reste discrète, elle ne se cache pas: les proches du couple sont présents, tant pour les deux femmes que pour la petite fille, et Charline est élevée dans la transparence. “Mes mamans m’ont toujours dit qu’il y avait toutes sortes de familles: des familles avec une maman et un papa, et d’autres avec deux mamans ou deux papas”. Et si pour la loi, elle est uniquement la fille de sa mère biologique, Charline tisse des liens incroyables avec sa marraine.

Je n’ai jamais ressenti un quelconque manque d’un père dans ma vie

“J’ai été entourée d’amour par mes deux mamans et je n’ai jamais ressenti un quelconque manque d’un potentiel père dans ma vie. Mes mamans et moi parlions énormément de l’histoire de ma naissance, et si j’ai toujours eu conscience que ma famille n’était pas la norme, je n’ai pour autant jamais eu le sentiment d’être différente. Je n’ai d’ailleurs jamais souffert d’exclusion ou de moquerie… Peut-être parce que pour moi, tout était normal”.

Forte et libre à la fois

Entourée de tolérance, Charline se forgera un caractère fort et libre à la fois: “Ma maman et ma marraine m’ont appris à accepter les autres, mais aussi à m’accepter moi et à faire de mes choix ma norme à moi. Cette éducation m’a permis de me détacher des quelques remarques que je pouvais entendre, même si elles n’étaient pas légion. Adolescente, je me souviens même que je jouais de la particularité de ma structure familiale: lorsque j’entendais des personnes juger les homosexuels, je les regardais en souriant et je leur balançais que j’avais deux mamans. C’était radical”.

La “Manif pour tous”, le débat qui ébranle

Si “tout va bien dans le meilleur des mondes” pour Charline, elle sera ébranlée par les manifestations demandant l’interdiction des mariages homosexuels ainsi que leur droit à la parentalité, en France: “Lorsque ce débat a fait rage, j’avais 16 ou 18 ans, et je me suis un peu pris tout ce qui se disait de plein fouet. J’avais l’impression que les manifestants remettaient en cause ma légitimité à être tout simplement en vie, ma place dans ce monde. Mais aussi qu’ils se permettaient de juger une situation qu’ils ne connaissaient pas, sans demander le point de vue des enfants de parents homos”.

Charline crée alors un blog pour évoquer son quotidien et tenter d’être une sorte de porte-parole. Elle ressent comme un devoir de montrer qu’elle existe, que tout va bien pour elle, et qu’elle réussit même mieux que les autres alors qu’elle est élevée par deux femmes. Un besoin qui créera chez elle une grande peur de l’échec, mais qu’elle arrivera à surmonter grâce à ses mamans. “Je prenais ma réussite très à cœur… Puis, j’ai raté ma première année à l’université. Heureusement, mes mamans ont été très présentes lorsque je me suis confrontée à l’échec. On a déconstruit ensemble ce besoin que j’avais de tout réussir et d’être exemplaire. Encore une fois, leur manière de communiquer et de m’aimer m’a fait grandir et évoluer”.

Sa marraine devient sa maman

En 2005, les mamans de Charline se sont dit oui. Pour les deux femmes, il s’agissait surtout de se protéger l’une l’autre. Une union presque administrative qui amènera la marraine de Charline à entamer des démarches d’adoption auprès de la justice belge, afin que sa fille de cœur soit sa fille officielle. Les démarches furent finalisées et l’adoption actée en 2014, peu avant le mariage de la jeune femme: “C’était très émouvant, lorsqu’à la commune, ils ont cité le nom de mes deux mamans. Je ne pouvais pas imaginer qu’on cite uniquement le nom de celle qui m’avait portée”.

Mon fils sait qu’il a le droit d’être qui il veut et le droit de faire ses propres choix

Charline est mariée depuis plusieurs années et maman d’un petit garçon. “Je souhaite que mon fils sache qu’il a le droit d’être qui il veut et le droit de faire ses propres choix. Mais aussi qu’il est important d’accepter l’autre tel qu’il est, avec ses différences et ses spécificités”.

Vous aimerez aussi:

Recettes, mode, déco, sexo, astro: suivez nos actus sur Facebook et Instagram. En exclu: nos derniers articles via Messenger.

Contenu des partenaires

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.