Faut-il dire maman sola plutôt que maman solo?
En français, on dit traditionnellement “maman solo” pour désigner une mère élevant seule son ou ses enfants. Mais certaines militantes revendiquent le terme “maman sola”. Elles nous expliquent pourquoi.
Maman sola, au lieu de maman solo: cette expression inspirée de l’espagnol est aujourd’hui utilisée par de plus en plus de femmes et de féministes pour mettre en avant la dimension féminine et autonome de cette forme de parentalité. En choisissant ce terme, elles souhaitent valoriser symboliquement la force et l’indépendance des mères seules.
Le cliché de la mère célibataire désespérée?
C’est Judith Portail, journaliste et autrice de Maternités Rebelles, qui a popularisé ce terme en 2023. Alors enceinte de jumeaux conçus par PMA, elle revendiquait son choix de devenir maman seule et son droit de parler de “maternité sola”. Une façon de “féminiser l’adjectif et de refuser le stigmate”.
“Je me suis rendu compte, disait-elle en substance au média Urbania, que la société prônait uniquement le modèle de famille nucléaire, qui ne représente pourtant que 50% des familles. À côté de cela, il existe plein d’autres façons de vivre sa vie.” En tant que célibataire, elle décidait d’assumer seule un parcours de PMA. Sur le site de Madmoizelle, Judith Portail ajoutait qu’évoquer la “maternité sola” permettait de combattre le cliché de la mère célibataire désespérée, au profit d’une image plus juste: celle d’une femme qui redéfinit le concept de famille.
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Pourquoi féminiser l’adjectif?
Députée bruxelloise Écolo, Margaux De Ré est elle aussi partisane de l’expression. Féministe reconnue, active sur les questions de violences gynécologiques et de cyberharcèlement, et maman d’une fille, elle considère que dire maman sola permet de “se réapproprier cette condition de maman seule, de reprendre le pouvoir et d’accroître la visibilité de ces réalités souvent invisibilisées.”

Une portée politique et symbolique
Pour elle, l’expression ne doit pas se limiter aux mamans qui ont décidé d’avoir un enfant seules, mais inclure toutes les formes de maternité solo, que ce soit après une séparation ou dans le cadre d’une garde alternée, puisqu’on peut “se sentir fort seules dans la gestion de sa famille, même dans une garde alternée 50/50.”
Je crois à l’importance du choix des mots, et à leur impact sur la réalité des choses.
Margaux De Ré insiste d’ailleurs sur la nécessité de mieux prendre en compte les mamans solas dans les politiques publiques, que ce soit en matière de sécurité sociale, d’accueil de la petite enfance – même si les crèches sont déjà plus accessibles financièrement aux familles monoparentales – ou d’éducation. “Comment, par exemple, gère-t-on les congés de maternité et les congés parentaux quand on est seule?, interroge-t-elle. Il est indispensable de les adapter aux mamans solas.”
Le terme “maman sola” a ainsi une portée politique et symbolique. Il permet de donner un éclairage plus positif à une réalité difficile et de transformer le regard porté sur ces femmes. Comme le résume cette fan de langue française: “Je crois à l’importance du choix des mots, et à leur impact sur la réalité des choses. Parce que tout ce qu’on nomme existe. J’aime voir que le français vit, évolue et s’imprègne des réalités de notre société.”
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