
Ces questions que vous n’osez pas poser à votre gynéco
Pertes, démangeaisons, rapports post-accouchement… Les questions concernant l’intimité féminine sont nombreuses et souvent taboues. Pourtant, il s’agit de votre santé, alors osez soumettre à votre médecin toutes les questions qui vous titillent!
Même si vous êtes en confiance avec votre gynéco, il y a des questions qui paraissent parfois un peu embarrassantes. Gardez en tête que ce n’est pas la première fois qu’il ou elle les entend. Le Professeur Jean-Luc Squifflet, du service de gynécologie des Cliniques Universitaires Saint-Luc, y répond.
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1. J’ai des pertes vaginales malodorantes. Que faire?
“La cause la plus probable est une vaginose bactérienne. La flore vaginale, c’est-à-dire l’ensemble des micro-organismes présents dans le vagin, est principalement composée de bactéries lactiques, qui forment un film protecteur sur la paroi vaginale, et qui cohabitent avec d’autres bactéries, ainsi que des champignons. Mais, pour diverses raisons – souvent très banales, comme une hygiène intime trop fréquente – il arrive qu’une bactérie prenne le dessus sur les autres, ce qui déséquilibre la flore.
Résultat: des pertes vaginales malodorantes, et parfois des démangeaisons. C’est une infection gênante, mais qui se soigne heureusement vite et bien, avec un traitement antibiotique spécifique.”
2. Après une bronchite, j’ai de fortes démangeaisons. Y a-t-il un lien?
“Eh bien oui, du moins s’il s’agissait d’une bronchite bactérienne, qui a nécessité un traitement antibiotique. Les démangeaisons intimes sont un des effets secondaires les plus connus d’une prise d’antibiotiques, administrée par exemple en cas d’infection bactérienne respiratoire, digestive ou cutanée. Le traitement antibiotique a tendance à tuer toutes les bactéries sans distinction, y compris les “bonnes” bactéries de votre flore génitale. Les micro-organismes pathogènes en profitent pour proliférer, notamment Candida albicans, le champignon responsable des mycoses.
Si vous souffrez systématiquement de mycoses post-antibiothérapie, demandez un traitement préventif.
Pour traiter une mycose vaginale, il existe des dispositifs antifongiques sans ordonnance: crème à usage externe, ovules à insérer dans le vagin… En cas de doute ou si les symptômes persistent, mieux vaut toutefois consulter votre gynécologue ou, au minimum votre généraliste. Et, si vous souffrez systématiquement de mycoses post-antibiothérapie, dites-le: votre gynéco pourra vous prescrire un traitement préventif.”
3. Quels produits utiliser pour l’hygiène intime?
“Idéalement? Aucun! Votre vagin est parfaitement protégé par sa flore bactérienne – et il le restera si vous évitez d’y pénétrer pour le laver ou de recourir à des douches vaginales. Limitez les soins intimes à la vulve et contentez-vous d’eau claire: la plupart des savons, même lorsqu’ils se présentent comme des produits spéciaux pour la toilette intime, sont inadaptés et ne font que préparer la voie aux infections vaginales. Évitez également les lingettes humides, qui dessèchent la vulve. Un gant de toilette est préférable, propre et changé quotidiennement.”
4. La coupe menstruelle est-elle hygiénique?
“On ne répertorie pas plus de syndromes du choc toxique avec la coupe menstruelle qu’avec les tampons. Le tout est de l’utiliser correctement. Stérilisez-la avant la première utilisation, puis à chaque début et fin de cycle, soit avec un stérilisateur spécial pour coupe menstruelle, soit en la plongeant pendant 5 minutes dans une casserole d’eau bouillante (pour qu’elle ne touche pas le fond de la casserole, il suffit de l’insérer dans un fouet de cuisine). Pendant les règles, retirez-la et videz-la de préférence toutes les 6 heures (même si elle peut rester en place jusqu’à 8 heures) et rincez-la abondamment à l’eau froide.”
5. J’ai des pertes après un rapport, est-ce normal?
“Tout à fait normal: l’écoulement blanchâtre qui peut être observé après un rapport sexuel est une réaction naturelle à l’excitation et participe à la lubrification. Chez les femmes qui ne prennent pas de contraception hormonale, ces pertes blanches sont particulièrement abondantes juste avant l’ovulation. Elles sont alors considérées comme un signe de fertilité, compte tenu du fait que le désir sexuel est plus important à ce moment-là et que les rapports sont donc plus nombreux.
Chez les femmes ménopausées, par contre, cette réponse du corps à l’excitation et donc ces pertes diminuent en raison de la carence en œstrogènes, ce qui explique l’assèchement des parois vaginales et les brûlures, voire les douleurs ressenties par les femmes pendant les rapports.”
6. Avoir des relations sexuelles pendant la grossesse est-il dangereux pour le bébé?
“En fin de grossesse, lorsqu’il y a un risque d’accouchement prématuré par relâchement du col, on met les patientes au repos, ce qui implique d’éviter aussi les rapports, en tout cas pénétrants. Mais le reste du temps, des rapports sexuels, même fréquents, ne peuvent ni influer sur l’évolution de la grossesse, ni traumatiser le bébé. Peut-être même en tire-t-il des informations sur la complicité de ses parents… En tout cas, c’est agréable de le penser!”
7. Post-bébé, je ne ressens plus de plaisir pendant les rapports…
“Il est évidemment tentant d’incriminer le baby blues, et il est certain que la fatigue, combinée aux changements hormonaux, peut contribuer à expliquer cette déprime passagère et ce soudain manque d’intérêt pour les rapports sexuels. Mais il faut également considérer l’aspect purement mécanique. Que s’est-il passé à l’accouchement? A-t-il nécessité une épisiotomie? A-t-il fallu pratiquer une césarienne? Dans un cas, comme dans l’autre, la cicatrice est-elle plus ou moins sensible?
Après un accouchement, l’élasticité du vagin peut être modifiée. Comme l’a résumé une de mes patientes: ‘Avant, mon vagin était un petit chemin de campagne; maintenant, c’est une autoroute à 4 bandes!’ Vous devez prendre le temps de vous réapproprier votre corps, de retonifier certains muscles, de corriger cette impression d’hyperlaxité. Et votre meilleur allié est la ou le kinésithérapeute en charge de votre rééducation postnatale. N’hésitez pas à lui en parler!”
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8. J’ai eu un rapport sans préservatif, que faire?
“Un coup d’un soir sans préservatif, ça peut arriver à tout le monde. Si vous n’avez utilisé aucun autre de contraception, la contraception d’urgence est accessible à toutes, sans prescription médicale, depuis septembre 2020. La pilule d’urgence ‘classique’ peut être prise jusqu’à 3 jours après le rapport, et la pilule ‘EllaOne’ jusqu’à 5 jours.
Mais, même si vous étiez sous contraception, n’oubliez pas qu’un seul rapport suffit pour contracter une IST. Mieux vaut faire une prise de sang et autres tests tout de suite, pour vérifier l’absence de toute infection, et une autre 3 mois plus tard, parce que certaines hépatites et le HIV peuvent mettre jusqu’à 3 mois pour se déclarer. En attendant, soyez attentive à des symptômes comme des pertes blanches accompagnées de brûlures et de douleurs, car elles peuvent révéler une chlamydiose, par exemple. Et surtout, ne craignez pas de parler de vos doutes et de vos craintes à votre gynéco ou à votre médecin traitant, ni de lui demander conseil: il ou elle vous prendra au sérieux. Sans dramatiser.”
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