Natacha, 48 ans: “Nous nous sommes réconciliées à Noël”
Natacha, 48 ans, est restée fâchée avec sa sœur durant 4 ans. L’an dernier, le cadeau touchant de leur mère a enfin permis que les relations s’apaisent.
“Ma sœur et moi étions très proches, petites, nous avons fait les quatre cents coups ensemble. Je me souviens de parties de cache-cache endiablées, de nuits passées à camper dans sa chambre à partager mille secrets, d’innombrables bêtises et de fous rires qui nous faisaient pleurer! Pourtant, à l’adolescence, quelque chose a changé. La compétition s’est progressivement installée entre nous. Nous avions seulement 18 mois d’écart et la comparaison était naturelle. Nos notes à l’école, nos aptitudes en dehors de l’école, nos caractères différents… tout y passait et même si ce n’était pas forcément méchant de la part de notre entourage, cela a commencé à affecter notre relation.”
Une ambiance lourde s’est installée
“Les piques et les disputes se sont multipliées. On se chamaillait pour un oui, pour un non: vêtements empruntés, envies de sorties différentes le week-end, répartition des tâches de la maison… Tout était matière à s’opposer et l’ambiance était très lourde. Après le lycée, je suis partie faire mes études à 200 km de chez nous. Au début, cette distance m’a soulagée: ne plus voir ma sœur tous les jours a permis d’apaiser un peu les tensions. Mais cela a creusé un fossé avec mes parents. Ma sœur, restée vivre près d’eux, a continué à les voir très souvent. Dès que je rentrais, je voyais bien que je ne pouvais pas rivaliser avec leur relation. Ils la mettaient beaucoup en avant et j’avais l’impression de ne plus avoir ma place auprès d’eux.”
Des rencontres de plus en plus tendues
“Les années ont passé et j’ai fait ma vie de mon côté. Quand j’ai eu mes 2 enfants, ma mère a tenté de se rapprocher de moi et j’ai apprécié ses efforts. J’ai déménagé plus près de chez elle et nous avons reconstruit une relation. Je sais qu’elle fait désormais ce qu’elle peut pour que tout soit égalitaire. Avec ma sœur par contre, il n’y a pas eu beaucoup d’amélioration. Nous nous sommes peu vues toutes les 2 de 20 à 30 ans. Nous nous appelions seulement de temps en temps et nous contentions de nous voir chez nos parents. Mais cela s’est crispé quand elle aussi est devenue mère (8 ans après moi).
Il fallait que la vie tourne autour d’elle, que mes parents arrêtent de s’occuper de mes enfants.
Tout à coup, il fallait que la vie tourne autour d’elle, que mes parents arrêtent de s’occuper de mes enfants pendant les vacances pour se consacrer à elle. Elle avait du mal à accepter que l’attention soit tournée vers moi et mes enfants, et ses remarques désagréables donnaient lieu à de nombreuses tensions. Chaque rencontre entre nous devenait un exercice de patience. Nos conversations téléphoniques étaient limitées et je sentais qu’à tout moment, les choses pouvaient déraper… Ce qui n’a pas manqué d’arriver.”
4 ans de silence
“Il y a 5 ans, à Pâques, elle a dépassé les bornes en me lançant que je ne savais pas vraiment ce qu’était la vie de mère, puisque nos parents étaient tout le temps là pour m’aider. Ses mots blessants ont dégénéré en dispute ouverte et moi aussi, j’ai lâché beaucoup de choses dures, que j’ai regrettées ensuite. De part et d’autre, le mal était fait. Nous nous sommes regardées en chiens de faïence et j’ai fini par partir en claquant la porte.
J’éprouvais de la tristesse et de la nostalgie: nous étions si proches dans l’enfance.
Pendant 4 ans, nous ne nous sommes pas parlé. Mes parents ont pourtant essayé de nous réunir, mais sans succès. J’avais envie de faire la paix (notamment pour nos parents que je voyais très malheureux de cette situation), mais ses mots me restaient en travers de la gorge et il m’a fallu du temps pour les digérer. Je lui ai envoyé un sms, il y a 2 ans pour tâter le terrain, mais la réponse a été froide et je n’ai pas insisté: elle était manifestement encore en proie à la colère. De mon côté, j’éprouvais plutôt de la tristesse (je n’ai qu’une sœur…) et de la nostalgie: nous étions si proches dans l’enfance, pourquoi cette complicité n’avait-elle pas duré? Comment en étions-nous arrivées là? J’en parlais beaucoup autour de moi, mais personne n’avait de solution miracle à me donner. Je crois simplement qu’il fallait qu’on soit prêtes, l’une et l’autre, à faire ce chemin…”
Un Noël ensemble, mais hésitant
“L’an dernier, une porte s’est enfin ouverte. Ma mère m’avait suppliée de venir pour Noël, en même temps que ma sœur. Jusque-là, nous avions évité les fêtes ensemble, mais il est vrai que cela compliquait la logistique familiale et j’en avais assez de voir mes parents tristes. J’ai longtemps hésité… avant de dire oui. Après tout, c’était peut-être notre chance de renouer. Quand nous sommes arrivés le jour de Noël, maman avait mis les petits plats dans les grands. La maison sentait le pain d’épices, le sapin et le feu de bois. Ma sœur est apparue, un peu amaigrie: elle m’a embrassée gentiment, le regard plein d’inquiétude (je la connais bien). Le repas s’est déroulé sans anicroche, mais un malaise flottait. Heureusement, les enfants étaient là pour détendre l’atmosphère. De mon côté, comme celui de ma sœur, les sourires et les mots étaient prudents: nous marchions sur des œufs…”
Un cadeau chargé de sens
À la fin du repas, les enfants ont ouvert leurs cadeaux et pendant qu’ils étaient occupés, ma mère nous a prises toutes les 2 à part. Avec émotion, elle nous a tendu un paquet assez lourd en nous disant: “C’est un Noël particulier, mais je suis tellement heureuse de vous avoir toutes les 2. Merci d’avoir fait ce pas pour nous et voici un cadeau qui, j’espère, pourra vous aider à vous rapprocher.” À l’intérieur, il y avait un gros album rempli de photos des fêtes et des Noëls passés, des bouts d’enfance capturés qui m’ont fait réaliser que nous avions été heureuses, longtemps avant toutes ces disputes. Je ne les avais pas revues depuis longtemps et certains clichés m’ont serré le cœur: ma sœur et moi, emmitouflées sous un plaid devant la télé un soir de réveillon ou riant aux éclats au pied d’un sapin illuminé…”
Une relation à réinventer
“J’ai senti les larmes monter et quand j’ai regardé ma sœur. J’ai vu qu’elle était dans le même état que moi. Nos bras se sont tendus en même temps et nous nous sommes enlacées. Ça a été un moment très fort, notamment quand ma sœur m’a murmuré à l’oreille: ‘Je te demande pardon pour tout, tu me manques.’ Je me suis excusée aussi, puis nos parents sont venus nous rejoindre, sous le regard bienveillant de nos conjoints. Nous sommes restés longtemps dans le salon, à parler sous les guirlandes lumineuses, en buvant du chocolat chaud et en se remémorant des souvenirs d’enfance. C’était doux et apaisant… enfin! Depuis, ma sœur et moi avons retrouvé une relation. Différente, fragile, mais plus respectueuse, plus engagée. Un lien s’est tissé de nouveau, et nous en prenons soin. Nous nous voyons seules et nous appelons plus souvent, conscientes des efforts à faire pour ne pas revivre le silence des dernières années. Je n’ai jamais vraiment cru à la magie de Noël, mais cette fois, je dois avouer que je suis impatiente d’y être: l’an dernier, cette fête m’a amené le pardon et la guérison. Cette année, j’espère n’en retenir que de l’amour et de la joie.”
Vous aimerez aussi:
Recettes, mode, déco, sexo, astro: suivez nos actus sur Facebook et Instagram. En exclu: nos derniers articles via mail.