
Couples mixtes: quelles sont leurs forces? 3 témoignages en duo
Ils sont différents. Au niveau de l’âge, de l’origine, de la religion ou de leur parcours scolaire. Pourtant, leur histoire d’amour perdure. Les 3 couples que nous avons rencontrer oscillent entre admiration, ajustement et dialogue. Ils racontent comment leur différence est devenue une richesse.
Déborah et Jamel, Magali et Francis, Christelle et Didier… 3 couples de longue durée, mais aussi 3 couples mixtes. Alors que la majorité des couples se forment par homogamie, avec des partenaires assez semblables (même origine, même niveau socio-économique, même tranche d’âge, même niveau d’instruction…), nos témoins ont fait l’expérience de la différence. Avec toute la beauté qu’elle apporte.
Déborah, 38 ans et Jamel, 45 ans: le dialogue
Déborah, 38 ans, job coach et Jamel, 45 ans, directeur d’un centre sportif, parents de 3 enfants de 8, 6 et 2 ans, sont en couple depuis 10 ans, depuis qu’un projet professionnel commun leur a permis de se rencontrer. “Notre relation a pris un tour sentimental quelques semaines plus tard, se souvient Jamel. Puis on a tout mis en route assez rapidement: mariage (musulman). Nos 3 enfants sont arrivés dans la foulée.”
Origine et religion différentes
Alors que Jamel, né en Belgique de parents algériens, estime avoir une culture mixte – “chaque année, dans ma jeunesse, je passais l’été en Algérie” – et accorde une grande importance à sa culture et à sa religion dans sa vie de tous les jours, Déborah, belge d’éducation catholique – “Je suis allée à la la messe tous les dimanches jusqu’à mes 10 ans” –, se définit plus comme agnostique.
J’avais peur qu’il demande de me convertir.
Il serait faux de dire que leur différence d’origine et de religion n’a pas effrayé la jeune femme. “J’avais peur qu’il me demande de me convertir, qu’il mette des limites à ma liberté… Alors, rapidement, je lui ai fait passer un test: je me suis rajouté des piercings aux oreilles pour voir sa réaction. En réalité, il a une approche de la religion où ce qui compte, c’est lui et son rapport à Dieu. Ce que je fais, moi, peu lui importe. Le hasard a voulu que je ne fume pas, que je ne boive pas d’alcool et que je ne mange pas de porc, car je déteste la charcuterie, mais ce sont mes propres choix.”
Leurs dissemblances, leur force
Et pourtant, ce sont bien ces différences qui ont constitué une force dans leur couple. “Au début de notre relation, explique Jamel, notre mixité nous a obligés à tout mettre sur la table, à nous mettre d’accord sur ce qui pourrait poser problème un jour. Ça a été une grande force dans notre couple.”
Les vacance en Algérie? Impensable!
Les points d’achoppement n’ont pas été rares: le mariage musulman – primordial pour Jamel, un “geste d’amour” pour Déborah – la circoncision des enfants – “J’ai eu plus de mal à l’admettre, mais Jamel a réussi à me convaincre” – ou encore les vacances d’été en Algérie – impensable pour Déborah à l’heure actuelle, vu les températures et le mode de vie sur place.
Mais toutes ces discussions ont du bon: l’ouverture d’esprit et la compréhension des différentes cultures que leur mixité a inculquées à leurs 3 enfants. Même si tout n’est pas simple non plus: “L’un de nos garçons a les cheveux tout blonds et lisses. On lui a déjà demandé s’il avait été adopté. Ce n’est pas facile pour un petit garçon qui veut s’identifier à son papa. Quant à l’aîné, il s’interroge beaucoup sur sa religion: un jour, il est musulman, le lendemain, il ne l’est plus. De toute façon, pour nous, ils adopteront la religion qu’ils veulent.”
Remettre en question ses automatismes
Face à chaque interrogation, le couple prend le temps de remettre en question ses automatismes: est-ce que cette manière d’agir a vraiment du sens pour moi, ou est-ce simplement un réflexe hérité du passé? “Le dialogue occupe une place centrale dans notre relation, disent-ils. Nous menons notre propre chemin, sans laisser les autres s’en mêler.”
Magali, 41 ans, et Francis, 61 ans: la joie de vivre
Magali, 41 ans, coiffeuse indépendante et Francis, 61 ans, gérant de deux sociétés, se sont rencontrés il y a 18 ans, un soir de réveillon de Noël au bar à téquila d’une boîte de nuit. “J’avais bien vu qu’il était plus âgé que moi, confie Magali, – je pensais à 10 ans tout au plus –, mais l’alchimie était là. C’est quand il m’a parlé, plus tard, de sa fille de 16 ans que je me suis rendu compte qu’il était plus âgé que je ne le croyais.”
Pour l’anecdote, les tourtereaux calculent alors que Francis s’est marié l’année où Magali est née. “Je lui dis toujours en rigolant: ‘Imagine qu’on t’ait annoncé, le jour de ton mariage: Il y a quelque part une petite fille de 6 mois qui sera un jour ta deuxième femme’!’”
2,3 ans: l’écart moyen dans les couples
Les 20 ans de différence d’âge entre les deux amoureux – rappelons que l’écart d’âge moyen selon Statbel est de 2,3 ans entre les partenaires – posent finalement peu de problème.
On se demande parfois qui a 41 ans et qui en a 61!
“J’ai eu peur au début de la réaction de mon papa italien, se souvient Magali. Mais il l’a très bien accepté. Ça n’aurait peut-être pas été le cas si Francis avait eu exactement le même âge que lui (il en a 10 ans de moins).” Interrogation aussi lorsque Magali exprime son désir de maternité: “J’avais 47 ans, confie Francis, et il me semblait que je n’aurais plus la patience. Mais je ne voulais pas qu’elle ait de regrets plus tard.” Leur fils naît donc 4 ans après leur rencontre et 4 ans avant leur mariage. “Il a eu une seule fois une remarque d’une petite fille en maternelle qui se demandait si Francis était son papa ou son papy, se rappelle Magali, mais ce n’est plus arrivé par la suite.”
Rechercher la protection
Si Magali admet avoir cherché auprès de Francis la protection que son papa avait pu lui apporter – “Les gens de mon âge ne m’intéressaient pas particulièrement” –, celui-ci se réjouit de la joie de vivre et de la légèreté de sa femme. Même si lui n’est pas en reste: “Par moments, on se demande qui a 41 ans et qui en a 61, parce que je suis de nature festive et que Magali freine parfois les sorties (il faut dire qu’elle travaille le samedi à partir de 8 heures)!”
“Il n’y a jamais eu de décalage au niveau de nos envies, de nos projets, de nos rythmes de vie, renchérit Magali. Quant à l’avenir, on préfère ne pas y penser. Si je dois le pousser dans une chaise, je le ferai. De toute façon, en tant qu’indépendant, il n’est pas prêt de prendre sa pension!”
Christelle, 51 ans, et Didier, 54 ans: la complémentarité
C’est sur une piste de danse que Christelle, 51 ans, journaliste et Didier, 54 ans, technicien de production dans le pharmaceutique, se sont rencontrés il y a 14 ans. “Didier dansait comme un dieu!”, se souvient Christelle, encore éblouie. Pourtant, en dehors de ce lieu festif, les chances de rencontres étaient plutôt minces tant leurs parcours scolaires et professionnels sont différents. Et sûrement pas via un site de rencontres: “L’orthographe de Didier est catastrophique, confie Christelle et moi, j’étais très à cheval là-dessus. J’avais même plutôt un faible pour les hommes universitaires particulièrement érudits.”
Un couple hypogame
Et pourtant, entre cet homme au parcours scolaire chaotique et cette première de classe universitaire, l’étincelle s’est produite. Ils forment désormais un couple hypogame, un terme hypertendance pour désigner les couples où la partenaire a un niveau d’instruction plus élevé que son partenaire – et qui s’explique par le nombre proportionnellement plus élevé de femmes qui sortent des études supérieures par rapport aux hommes.
Je pense que ses formes d’intelligence ne sont pas celles qu’il faut pour réussir à l’école.
“Didier est quelqu’un d’intelligent et de cultivé, constate Christelle. Je ne comprends pas comment il a pu avoir un parcours scolaire si compliqué. Je pense que ses formes d’intelligence ne sont pas celles qu’il faut pour réussir à l’école. Moi, au contraire, j’étais formatée pour le système scolaire.”
Chacun ses qualités
Pourtant, le couple l’affirme: au quotidien, cette différence scolaire ne se marque pas – peut-être parce qu’elle est contrebalancée par une origine socio-économique semblable? Elle permet au contraire une grande complémentarité. “Les compétences de Didier sont bien plus utiles que les miennes, admet Christelle: il s’y connaît en informatique, sait tout réparer dans la maison… Moi, je manque singulièrement de sens pratique, ce qui nous fait parfois bien rigoler! Par contre, c’est moi qui gère la scolarité de notre fils: Didier est complètement dépassé. Et nous avons de la chance: notre fils a hérité de nos compétences respectives!”
Moins de pression
Christelle reconnaît que cette hypogamie lui permet de moins se mettre la pression: “Didier m’apaise et m’aime comme je suis, peu importe mes diplômes, peu importe que je sache ceci ou cela. Ce qui n’a pas toujours été le cas avec mes précédents compagnons.”
Didier, lui, se réjouit: “Christelle m’ouvre à des mondes que je ne connais pas. Et puis, elle maîtrise l’anglais: c’est bien pratique pour parcourir le monde!”
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