bonnes résolutions
Pourquoi on galère autant? © Getty Images

Comment tenir (enfin) ses bonnes résolutions?

De bonnes résolutions, on en prend chaque année, mais elles s’estompent souvent dans les brumes des premiers jours de janvier. Décryptage et solutions pour les faire durer.

Comment rejoindre le club des 12% qui réussissent à mettre en pratique leurs résolutions (selon une étude de l’université de l’Hertfordshire auprès de 3000 volontaires)? Certains experts conseillent de ne pas prendre le même engagement chaque année. Rien de pire pour le moral, disent-ils, que de se rappeler l’échec cuisant de l’an passé. Afin de ne pas se décourager, d’autres conseillent de découper les objectifs en activités plus simples et de s’accorder des récompenses (restaurants, cadeaux) chaque fois qu’un objectif est atteint.  ”Souvent, la barre est placée trop haut”, note le psychologue genevois Daniel Alhadeff. “Il faut aussi se fixer des objectifs réalistes, quitte ensuite à augmenter le défi”.

3 bonnes résolutions classiques qu’on a du mal à tenir

Bien que l’intention y est, tenir ces trois bonnes résolutions peut être bien plus difficile que de les écrire sur un papier en début d’année. Explications.

Arrêter de fumer

Pourquoi on ne tient pas? “Je dis souvent que le 1er janvier n’est pas la bonne date pour arrêter de fumer”, explique Martial Bodo, tabacologue diplômé auprès du Centre d’Aide aux Fumeurs de l’Institut Jules Bordet à Bruxelles. “Pourquoi ne pas le faire le 15 décembre? Ou le 10 janvier? La force qui sera nécessaire pour rompre cette habitude sera la même. Choisir une date pivot comme le 1er janvier, la fête nationale ou son anniversaire ne donne aucun surcroît de chance de réussir à stopper le tabac. Parce que c’est une date extérieure à soi. Et quand elle sera passée, la motivation sera également dépassée. Ceux qui arrêtent en hiver parce qu’ils ont eu trois bronchites, qu’ils n’ont pas l’occasion de fumer en plein air et avec des amis lors des barbecues… rechutent au premier rayon de soleil, puisque le contexte a disparu. Et ceux qui arrêtent en été parce qu’ils sont moins stressés en vacances, qu’ils mangent des fruits et plus équilibré… achètent du tabac quand il recommence à faire plus froid et sombre. Typiquement, le paquet de la rechute, c’est après 6 mois, quand le fumeur se dit qu’il n’y a plus de danger, qu’il s’est libéré. C’est pour cela qu’on dit qu’il faut être abstinent durant quatre saisons pour avoir une chance de persister dans l’arrêt”.

Comment y arriver quand même? “Ce qu’il faut inventer, c’est un nouveau style de vie, sans cigarette. Il faut être prêt, entendre sa petite voix qui dit qu’on veut arrêter, qu’on veut s’offrir la liberté de ne plus être enchaîné à son assuétude. Beaucoup de mes patients pensent pour l’instant que la crise sanitaire est un bon moment pour arrêter. En fait, ceux qui sont prêts à stopper, fument moins, car ils sont coincés chez eux. Et ceux qui ne sont pas prêts fument davantage. La seule manière, c’est d’envisager une vie sans cigarette comme béquille”, explique le tabacologue.

Maigrir

Pourquoi on ne tient pas? Avec la reprise du sport, c’est sans doute la bonne résolution la plus partagée: perdre quelques kilos… et plus si affinités. Le souci, c’est qu’en général, on s’y met en mode diète drastique. Or, “il est maintenant prouvé que tous les régimes privatifs ne mènent qu’à une éventuelle perte ponctuelle de poids mais surtout à un effet yo-yo qui aggrave encore les choses ”, explique Serge Pieters, diététicien agréé et professeur à l’Institut Paul Lambin.

Comment y arriver quand même? “Gastronome de formation, je tente de redonner à mes patients l’envie de cuisiner des choses simples et savoureuses. Pas le temps d’une perte de poids, mais toute l’année. L’équilibre alimentaire n’est pas qu’une question de nutriments mais également de plaisir. Pour constituer un garde-manger équilibré, il faut penser à faire vos courses de manière sensée. Établir une liste raisonnée des aliments à acheter, établir les menus de la semaine. Ne pas aller faire les courses en ayant faim, pour éviter d’acheter de manière compulsive des aliments caloriques. Le but est de choisir des aliments de base qui vont vous nourrir et apporter tout ce dont l’organisme a besoin. Un diététicien peut vous y aider, en personnalisant votre suivi”, ajoute la spécialiste.

Se remettre au sport

Pourquoi on ne tient pas? En janvier et février, il fait froid, les jours sont très courts. Il faut donc généralement pratiquer dans le noir. Souvent, cela démoralise. D’autant que pour le moment les salles de sport sont fermées. Quant aux piscines, elles ne sont ouvertes que pendant les heures de bureau. Cela contraste avec le monde anglo-saxon, où les infrastructures sont accessibles tôt et tard. “Par ailleurs, chez nous, le sport est le parent pauvre de l’école”, explique Nicolas Vandenbalck, spécialiste en traumatologie du sport à l’Hôpital universitaire Érasme (ULB). “Cela signifie que le jeune adulte qui veut pratiquer doit apprendre les fondamentaux d’une activité, alors qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas, le sport est très présent à l’école. Le poursuivre ensuite est naturel”.

Comment y arriver quand même? De nombreuses études scientifiques montrent que le sport, du moins s’il est pratiqué avec mesure et adapté à l’âge et la condition physique, comporte davantage de vertus que de risques. Le mieux est de trouver une infrastructure qui offre les services d’un coach, si possible diplômé en kinésithérapie, éducation physique ou en médecine du sport, qui pourra vous dresser un programme à votre mesure… et sans risques. “Il y a parfois des traumatismes articulaires, des arthroses du genou, des problèmes ligamentaires ou des rotules qui flanchent. Mais la plupart du temps, ce genre de problème peut être prévenu en restant prudent”, explique le docteur Nicolas Vandenbalck. “Je suis frappé du peu de gens qui pratiquent l’étirement des muscles et l’échauffement nécessaire.”. Pour entretenir sa motivation, Matt Roberts, un célèbre ‘personal trainer’ londonien, conseille de définir ses objectifs, de booker le temps de sport dans l’agenda et de tenir un carnet pour noter ses progrès après chaque séance. Et si possible, de trouver un allié pour se soutenir.

Pourquoi je n’y arrive pas?

“Ce qui rend l’écart entre les résolutions et la réalité si grand, c’est que les premières sont nos désirs et que la seconde est… la réalité. Que ce soit perdre quelques kilos ou
avoir une maison bien rangée, il y a une distance entre ce désir et la force de notre inconscient qui nous tire en arrière. Parfois, ce sont des éléments nichés au fond de notre enfance ”, explique Claudine Delsart, psychologue et psychanalyste, ancien superviseur de l’Unité de crise et d’urgences psychiatriques des Cliniques Universitaires Saint-Luc. “Nous voulons vraiment arrêter de manger de la junk food, mais notre main se tend vers les chips et le chocolat. Est-ce à dire que c’est l’enfant en nous qui nous sabote? Je dirais plutôt qu’il faut réconcilier en nous l’adulte qu’on est devenu et la part de rêve que nous avons gardée de l’enfance. Les forces inconscientes sont des forces qui nous régissent au plus profond. Et changer est difficile”. Comment abattre ces murs? “Il faut analyser ce qui bloque, ce que l’on souhaite et en trouver les racines dans l’enfance. Se faire aider par un psychothérapeute si on n’y arrive pas seul. D’autres formes de thérapies peuvent aussi apporter une aide précieuse pour modifier ces habitudes profondément ancrées”, conclut la psychologue.

Texte: Frédéric Soumois, coordination: Anne Deflandre

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