mort enfant
Quand on parle de la mort avec un enfant, mieux vaut choisir ses mots avec soin pour éviter toute maladresse. © Kelly Sikkema/Unsplash

Comment parler de la mort aux enfants?

Par Christelle Gilquin

Votre enfant vient de perdre sa mamy, son tonton, son animal de compagnie? Comment en parler avec lui sans l’effrayer, ni le laisser seul avec ses angoisses? Les conseils d’un psychiatre.

Perdre un membre de sa famille, un ami, et même un animal peut soulever mille questions dans la tête d’un enfant. Doit-on tout dire? Faut-il adoucir la réalité? Entre vérité et réconfort, voici les conseils du Dr Jean-Yves Hayez, psychiatre d’enfants et d’adolescents, pour aborder ce sujet délicat.

N’en faites pas un tabou

Jean-Yves Hayez conseille d’ouvrir l’enfant à l’idée de la mort dès 3-4 ans et de ne pas en faire un tabou. L’enfant y est de de toute façon confronté très tôt: dans les dessins animés (voyez Le Roi Lion), en découvrant un petit oiseau mort dans la nature ou parce qu’il entend le mot dans les conversations…

“Ne vous mettez pas en position de professeur, recommande le spécialiste. Posez-lui plutôt des questions: ‘Regarde ce petit oiseau. Qu’est-ce que tu remarques?’, ‘Qu’est-ce que tu crois que ça veut dire, ‘être mort’?’ Vous verrez qu’il donnera déjà de lui-même 2/3 des informations.”

Ajouter juste ce qu’il faut d’explication

Complétez ensuite ses propos avec quelques éléments simples, sans créer d’angoisse inutile. Par exemple: “Tu sais, tout le monde meurt un jour. Quand on est très vieux, notre corps est fatigué, il n’a plus envie de vivre, alors il meurt.” Inutile de préciser que la mort ne touche pas que les personnes très âgées.

Vous pouvez aussi lui expliquer ce que devient le corps après la mort, selon vos croyances ou en parlant du cycle de la vie: le corps nourrit la terre, qui nourrit les plantes… Mais nul besoin d’être exhaustif. Bien sûr, si vous voyez qu’il a envie de parler d’autre chose, n’insistez pas.”

Une maman parle de la mort à son enfant
Quand on parle de la mort à un enfant, il est capable d’encaisser la nouvelle, à condition de se sentir dans un contexte d’amour et de sécurité. © Getty Images

Pleurer devant lui, est-ce permis?

Dans le cas où c’est un proche qui meurt, Jean-Yves Hayez conseille d’être direct. “Il n’y a pas moyen d’annoncer une telle nouvelle sans lui faire de peine, ni entailler ses certitudes. Prenez-le sur vos genoux et dites: ‘Écoute, on a quelque chose de triste à te dire: Mamie est morte.’ L’enfant est capable d’encaisser des réalités très dures, à condition qu’il se sente dans un contexte d’amour et de sécurité.

Il n’y a pas moyen d’annoncer une telle nouvelle sans lui faire de peine…

Vous êtes effondrée? Vous pouvez pleurer devant lui, bien sûr, mais si l’émotion vous submerge, mieux vaut demander à un autre adulte de prendre le relais. Là aussi, vous pouvez ouvrir la conversation: “Est-ce que tu sais ce que ça veut dire?”, “Comment tu te sens quand je te dis ça?”, “Qu’est ce qui te vient comme question?” “Il n’y a pas de réaction standard, prévient Jean-Yves Hayez. Certains enfants seront fâchés, d’autres tristes ou silencieux… Revenez régulièrement sur le sujet dans les jours et les semaines qui suivent pour accompagner son cheminement.”

Comment trouver les bons mots

Attention aux mots utilisés. Par souci de douceur, on a parfois tendance à utiliser des expressions maladroites comme “Il s’est endormi pour toujours”, “Il est parti faire un long voyage”, “Il est dans le ciel”…

“J’ai déjà vu des enfants développer des problèmes de sommeil, souligne Jean-Yves Hayez, ou se demander immanquablement quand l’autre va revenir. Certains enfants s’imaginent aussi un ciel peuplé de morts…” Mieux vaut rester claire: la personne ne reviendra pas. Mais insistez sur le fait qu’elle reste présente dans nos pensées et nos souvenirs, et qu’on peut continuer à lui dire “Je t’aime”.

Funérailles: donner le choix

Quant aux funérailles, demandez à l’enfant ce qui est le mieux pour lui. Expliquez-lui que la cérémonie sert à dire au revoir. Voyez s’il souhaite y participer ou s’il préfère rester à la maison avec une personne de confiance. Ensuite, alignez-vous sur sa préférence.

Bref, aborder le sujet avec sincérité, simplicité et douceur permet à l’enfant de traverser l’épreuve sans se sentir seul. Accompagné, entendu et rassuré, il peut peu à peu apprivoiser l’idée de la mort et continuer à grandir avec confiance.

À lire: 2 bonnes ressources

Vole petite sœur par Marie-Rose Hannotte. Mila est ravie: elle va devenir grande sœur. Mais à la naissance, les choses ne se passent pas comme prévu: sa petite sœur décède. Cette histoire vécue tente d’aider les enfants, accompagnés de leurs parents, à comprendre et à vivre le deuil d’un petit frère ou d’une petite sœur.

Consoler nos enfants. Comment les accompagner dans les épreuves de la vie, Hélène Romano, Leduc

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