retenir lectures — Prendre des notes courtes peut aider! © Kübra zehra/Pexels

Psycho

Comment retenir ce qu’on lit? 6 bonnes astuces

Par Ariane Langlois

aujourd'hui

Vous passez du temps sur une lecture prenante, mais peu de temps après, vous constatez que vous n’avez rien retenu? Voici des astuces de pro pour ne plus jamais oublier ce que vous lisez.

Vous souvenez-vous de cet article qui mentionnait une étude intéressante? De ce livre qui soulevait des pistes utiles pour vous? Malheureusement, et même si nous y mettons de la bonne volonté, bien souvent, les souvenirs de ce que nous avons lu restent imprécis. La faute à la fatigue, à la multiplicité d’informations, à la surcharge mentale…

6 astuces à appliquer

Si certaines personnes sont dotées d’une mémoire infaillible (la fameuse “hypermnésie”), la plupart d’entre nous avons besoin de temps, d’attention et de répétitions pour que s’ancrent des souvenirs pérennes. La bonne nouvelle, c’est que la mémorisation se travaille, comme le prouve Florian Manicardi, vice-champion de France de la mémoire 2022. Découvrez ses astuces pour rendre vos lectures plus efficaces.

1. Prendre des notes

Notre mémoire est sélective et n’enregistre que les infos le plus susceptibles d’avoir un intérêt pour nous. En 24h, notre cerveau est capable d’oublier 50 à 80% de ce qu’il a appris. Pour contrer ce processus, prenez des notes pour forcer votre cerveau à se concentrer sur certains points. Et ça veut dire: écrire, surligner et commenter, dicter des infos à son téléphone, en activant la transcription… Peu importe, la bonne méthode est celle qui vous convient!

Pourquoi cette info vous paraît-elle essentielle? Que voulez-vous en retirer?

“Prendre des notes peut sembler fastidieux, mais en réalité, ce fait gagner beaucoup de temps”, assure Florian Manicardi. Les notes doivent être courtes mais claires, comportant surtout des mots-clés. Le mieux est de soulever des questions: pourquoi cette info vous paraît-elle essentielle? Que voulez-vous en retirer? Prenez le temps de réécrire ce que vous avez compris avec vos mots, pour entraîner votre esprit de synthèse.

2. Ré-exploiter vos mots-clés

N’abandonnez pas vos notes et mots-clés une fois déposés sur le papier ou sur votre téléphone! Reprenez-les régulièrement, interrogez-les et révisez-les en utilisant, par exemple, des sites et applications gratuits (Notion, Anki, MemoFlash, Memorizer, Deep Memory…), conçus pour mémoriser de manière ludique (à l’aide de questions-réponses, de flash cards…). Ces révisions agissent comme des rappels et viennent contrer l’oubli.

3. Multiplier les associations d’idées

Faites des connexions entre ce que vous savez déjà et ce que vous lisez (à quoi, à qui cela vous fait-il penser? À quel concept pouvez-vous le rattacher?). “Film, série, conversation avec nos proches, histoire de quelqu’un que l’on connaît, il y a toujours un lien possible avec nos connaissances”, souligne le formateur. Qui ajoute: “Ce mécanisme est très puissant, car il évite que l’information acquise ne soit isolée (et à terme, perdue) dans notre cerveau. Au contraire, elle est rattachée à d’autres informations, comme une immense toile d’araignée.”

4. Passer au mode actif

Le taux de rétention de l’information est corrélé à la manière dont on l’utilise. La pyramide de l’apprentissage, développée par Edgar Dale, chercheur en éducation américain, montre qu’on ne mémorise que 10% de ce qu’on lit. À l’inverse, quand on utilise des infos dans une discussion et qu’on les reprend à l’écrit, on en mémorise 70%. Le secret pour retenir est donc de réutiliser l’information.

“De cette manière, affirme Florian Manicardi, on passe du mode passif au mode actif!” Écrire une fiche de synthèse, s’entraîner à faire des quiz (on peut par exemple demander à Chat GPT de nous interroger), engager une discussion enflammée, donner une conférence, participer à un club de lecture, consulter des sites de critiques littéraires, sont autant de façons ludiques de mémoriser facilement ce que vous avez lu. “Vous stockerez ces connaissances sans effort puisqu’elles se seront ancrées d’une manière concrète”, détaille l’expert.

5. Trouver les bons outils

Utiliser des stratégies de mémorisation à l’efficacité reconnue, comme le “palais mental”, qui classe les informations dans des “pièces” de la maison et les “mind maps” ou cartes mentales, qui utilisent des schémas, des couleurs et des pictogrammes pour relier des idées autour d’un sujet: voilà d’autres bonnes façons de retenir. “C’est un cercle vertueux: plus on utilise de techniques de mémorisation, plus on retient de choses et plus on prend confiance en soi”, souligne Florian Manicardi.

6. Dédier un temps de qualité à la lecture

Lire quelques pages avant de dormir n’est pas le meilleur moyen de mémoriser. Pour retenir nos lectures, il faut leur consacrer un créneau de qualité, dans un moment où l’on est alerte et concentré”, insiste notre expert. Lire dans le calme, loin de son téléphone et de tout stress, prendre son temps, voilà comment mettre les chances de votre côté!

3 erreurs à ne pas commettre

Au contraire, ne faites pas ceci:

Lire lentement: trop d’application génère de l’ennui. Votre cerveau déconnecte, se laisse distraire par des éléments extérieurs. Préférez la lecture rapide, synonyme de synthétisation efficace.
Surconsommer: entasser une pile à lire au pied de votre lit amène à vous disperser. Soyez raisonnable et n’achetez pas plus de livres que vous n’êtes capable d’en consommer.
Se surstimuler: n’enchaînez pas trop vite les lectures, laissez le temps à votre cerveau d’ingurgiter la nourriture reçue. Faites des pauses au bout de quelques pages, mais aussi entre vos lectures. “Marcher en pleine nature ou méditer, par exemple, sont des activités qui favorisent la ‘recharge attentionnelle’ et in fine, l’apprentissage”, précise notre expert.

Une différence entre écran et papier?

Une étude menée par la linguiste américaine Naomi Baron montre que quand on lit sur écran, on va 28% moins vite et l’on restreint la formation d’images dans la tête. Or, les images mentales donnent du sens à ce qu’on lit. L’écran altère également la compréhension. En plus d’une fatigue oculaire plus importante, l’écran induit davantage de notifications et de sollicitations qui nous détournent de notre effort de mémorisation. Pas étonnant donc que 92% des étudiants préfèrent encore apprendre sur un support papier.

Pour aller plus loin

– Florian Manicardi est le fondateur de Memorall, entreprise qui propose des ateliers de mémorisation pour différents publics dont les étudiants (en France et en distanciel). Infos: Memorall.fr.
– Une mémoire de champion, Florian Manicardi, éd. Alisio
– Arrêtez d’oublier ce que vous lisez!, Eliott Meunier, éd. Eyrolles