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La fausse couche en 9 questions

Si la fausse couche est un événement fréquent, elle n’est jamais anodine. 9 questions sur un sujet encore très tabou et les réponses de Dre Areti Patsoura, gynécologue au CHR de la Citadelle à Liège.

1. La fausse couche est-elle un phénomène fréquent?

Oui. La fausse couche touche entre 15 à 20% des grossesses confirmées, sans compter celles qui se produisent en début de grossesse et que l’on confond parfois avec des règles survenant avec un retard. Au bout du compte, on estime qu’une femme sur deux environ fera une fausse couche au cours de sa vie.

“On ne sait pas pourquoi, mais en général, la première grossesse d’un couple… c’est une fausse couche! Les couples sont souvent inquiets, mais il faut voir le côté positif qui est que lorsqu’il y a fausse couche… c’est qu’on est tombée enceinte. Et la deuxième fois, ça marche généralement très bien”, explique la Dre Areti Patsoura, gynécologue au CHR de la Citadelle à Liège.

2. Pourquoi fait-on une fausse couche?

“La plupart des fausses couches sont sans explication. Généralement, on considère qu’il s’agit d’une réaction de l’organisme pour se protéger d’une grossesse qui ne serait pas normale”, commente la spécialiste. Même si on ne peut le démontrer scientifiquement, on suppose que les fausses couches se produiraient le plus souvent en cas d’anomalie chromosomique du foetus. Dans des cas plus rares, la fausse couche peut être liée à un problème de santé chez la femme: défaut utérin (malformation congénitale, polypes ou fibrome), maladie infectieuse (toxoplasmose, rubéole…) ou auto-immune (thyroïde).

3. Les fausses couches sont-elles plus fréquentes avec l’âge?

Le risque de fausse couche augmente chez les femmes de plus 35 ans et surtout de plus de 40 ans. “Cela serait lié au plus grand risque d’avoir des anomalies chromosomiques. Mais il est aussi plus élevé chez les très jeunes femmes, de 15 ou 16 ans”, précise la Dre Patsoura.

4. Quelle est la différence entre une fausse couche précoce et tardive?

Les risques de faire une fausse couche sont plus élevés durant les 12 premières semaines de grossesse, période de la fécondation, de  l’implantation de l’oeuf, de l’apparition du placenta et du début de développement du fœtus. Jusqu’à la 13e semaine, on parle de fausse couche précoce. “Des fausses couches peuvent aussi arriver pendant le deuxième trimestre, même si c’est plus rare”. On parle alors de fausse couche tardive. Au troisième trimestre, si la grossesse est interrompue, on parle de mort fœtale in utero.

5. Quels sont les signes d’une fausse couche?

“L’hémorragie et la douleur au bas-ventre sont les symptômes les plus fréquents. Il faut contacter son gynéco ou aller aux urgences”, explique la Dre Patsoura. Cependant, tous les saignements ne sont pas synonymes de fausse couche, surtout s’ils sont légers. Par sécurité, il convient cependant d’en parler à son médecin.

On peut aussi découvrir, lors de la première échographie, que le cœur du fœtus ne bat pas, sans pour autant qu’il y ait eu des saignements. “Dans ce cas, on doit aider l’organisme à évacuer la cavité utérine, ce qui se fait grâce à des médicaments qui provoquent une contraction et puis une expulsion du contenu.”

6. Que faire après une fausse couche?

En règle générale, une fausse couche ne nécessite pas de traitement. “Normalement, le contenu de l’utérus est évacué naturellement avec les saignements. Mais s’il y a des résidus, on doit donner des médicaments pour évacuer ce qui reste. Lorsque les résidus sont plus importants, on doit faire un curetage.” Le curetage consiste à nettoyer la paroi de l’utérus. On parle aussi d’aspiration. Cette intervention a lieu sous anesthésie générale et peut être pratiquée jusqu’à 24 semaines de grossesse. En cas de mort fœtale plus tardive, il faut provoquer une expulsion par des médicaments. Dans certains cas, on recourt à une césarienne.

7. Peut-on réduire les risques de fausses couches?

Il est conseillé de prendre de l’acide folique dès le début de la grossesse et, au mieux, jusqu’à deux à trois mois avant la conception. “Cela permet de créer le meilleur environnement possible pour l’embryon et son implantation dans l’utérus”, rappelle la docteure. L’arrêt du tabac est aussi conseillé. “Concernant le sport, il faut éviter ceux qui comportent des risques de chutes ou de blessures. Mais faire du vélo statique à la maison, c’est OK!”

La Dre Patsoura conseille par ailleurs d’éviter d’avoir des relations sexuelles pendant le premier trimestre, surtout si des fausses couches ont déjà eu lieu par le passé.”Ce n’est pas une obligation mais ça peut aider à l’implantation”, glisse la spécialiste.

8. Est-ce normal de faire plusieurs fausses couches?

“Si on fait une fausse couche, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Mais après 3 fausses couches avec le même partenaire, on peut faire des analyses plus poussées, notamment pour vérifier qu’il n’existe pas un problème de santé, comme une maladie auto-immune”. Dans le meilleur de cas, on trouve alors l’origine des fausses couches répétées, de manière à pouvoir proposer un traitement.

9. Une fausse couche a-t-elle un impact psychologique?

Jusqu’à la fin du 19e siècle, quand on ne connaissait pas encore les mécanismes de fécondation, les femmes qui faisaient une fausse couche précoce n’avaient pas le sentiment de perdre un bébé. On ne parlait d’ailleurs pas de “fausse couche” mais de “retour de règles”. Aujourd’hui, la grossesse est l’objet d’un choix mûrement réfléchi, dont les premiers signes sont guettés avec fébrilité… L’interruption d’une grossesse, même à un stade précoce, est donc plus difficile à vivre.

“Un impact psychologique existe. Évidemment, celui-ci est plus important quand il s’agit d’une fausse couche tardive. Mais, dans tous les cas, il faut vraiment dire aux femmes que ce n’est pas leur faute et que c’est en réalité ‘bon signe’: le signe qu’elles peuvent tomber enceintes et que leur organisme les protège”.

Des moments de dépression suite à une fausse couche peuvent par ailleurs apparaître pour des raisons strictement hormonales: une sorte de baby blues lié aux changements brutaux des taux d’hormones dans le corps. N’hésitez jamais à demander une aide psychologique si la tristesse ou l’angoisse s’installent.

Texte: Lucie Colomb

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