
Témoignages: “Je suis détective privée”
Qui n’a jamais rêvé de résoudre des mystères comme Sherlock Holmes? Karin et Roxane, détectives privées dans la vraie vie, lèvent le voile sur cette profession fascinante, bien loin des stéréotypes véhiculés.
Le monde des détectives privés est bien méconnu du grand public, pourtant, une formation ouvert à tous, de 2 ans, est disponible pour le devenir. Un métier complexe où chacun a ses spécificités.
Roxane adore l’adrénaline de sa profession
Roxane (40 ans), maman de 2 adolescents de 16 et 15 ans, est détective depuis 2 ans. “J’ai toujours mené une vie bien remplie. Après des études de pilote de ligne, j’ai travaillé pendant 15 ans dans l’immobilier. Il y a 4 ans, lorsque l’opportunité de vendre les parts de ma société s’est présentée, j’ai su que c’était le moment idéal pour tourner la page et réaliser un rêve: devenir détective privée.”

Un métier très réglementé
“Pendant 2 ans, j’ai suivi des cours du soir à l’IFAPME de Charleroi, à raison de 2 soirs par semaine, pour décrocher mon diplôme. J’ai adoré cette formation, qui a renforcé ma conviction d’être sur la bonne voie. La formation est principalement axée sur le droit, car, contrairement aux idées reçues, le métier de détective privé est très réglementé.
Une autorisation ministérielle encadre notre activité et nos rapports sont recevables en justice.
Nous ne pouvons pas enquêter sur qui nous voulons, ou comme bon nous semble. Une autorisation ministérielle encadre notre activité et nos rapports sont recevables en justice. L’un des principes fondamentaux de notre travail est la légitimité. Par exemple, si quelqu’un me demande de retrouver un bel inconnu croisé dans la rue, je ne peux pas accepter. Chaque enquête doit répondre à un cadre légal et éthique strict.”
La meilleure qualité? La patience
“Depuis 2 ans, j’exerce en tant que détective privée indépendante et généraliste. Cela signifie que je traite une grande variété d’affaires: adultère, absentéisme abusif, concurrence déloyale, fraudes aux assurances… Il m’arrive, par exemple, de surveiller un employé en arrêt maladie qui travaille en secret à son compte. Ces missions nécessitent de la patience: se lever à l’aube, se positionner discrètement, attendre des heures pour obtenir des preuves tangibles. Les missions varient, mais quel que soit le dossier, le principe reste le même: nous sommes les yeux et les oreilles de nos clients. Nous fournissons aux avocats des éléments concrets, aidons les entreprises à lutter contre les fraudes et accompagnons les particuliers dans leurs doutes et questionnements.”
Un goût pour l’aventure
“Ce métier me rappelle mes années de pilotage: adrénaline, anticipation, gestion du stress. En filature, il faut être réactif, s’adapter aux imprévus et, parfois, se fondre dans le décor. Il m’est déjà arrivé d’infiltrer un bar en me faisant passer pour une nouvelle habitante du quartier, pour observer ma cible sans éveiller de soupçons. Mais cette vie d’aventure a un prix. Les horaires sont imprévisibles, les nuits parfois très courtes, et il est difficile de garantir à ma famille que je serai rentrée pour le dîner. Heureusement, mon mari et mes enfants me soutiennent pleinement. Sans cet équilibre, il serait compliqué d’exercer cette profession avec autant de passion.”
Garder de la distance
“Je suis tellement passionnée par mon métier que je n’ai jamais l’impression de partir travailler. Il me permet de vivre des expériences uniques et d’aider ceux qui en ont besoin. J’ai l’impression d’être une justicière, à mon échelle, en défendant les intérêts des personnes qui le méritent. Ce métier exige aussi une grande empathie. Nous sommes souvent en première ligne pour annoncer des nouvelles difficiles. Il faut pouvoir gérer les émotions de nos clients, et les nôtres! À mes yeux, le plus difficile reste l’aspect émotionnel. Certaines affaires, notamment celles touchant aux enfants ou aux situations de maltraitance, sont lourdes à porter. Il faut impérativement garder une distance professionnelle et rester neutre, mais la réalité frappe parfois très fort. Ce n’est pas toujours évident.”
Karin a joué l’enquêtrice dans Chasse à l’Homme
Karine (56 ans) a travaillé pendant 23 ans dans une banque avant de prendre un tournant radical à 44 ans: devenir détective privée. C’était il y a 12 ans. “Un jour, par hasard, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a parlé d’une formation de 2 ans pour exercer ce métier. Je n’avais aucune idée que ça existait! Passionnée depuis toujours par l’investigation, j’ai vu cela comme un défi excitant et je me suis inscrite.”

Une femme détective: un atout
“Quand je dis que je suis détective privée, cela surprend toujours beaucoup. Dans l’imaginaire collectif, le cliché du détective privé est un homme avec un blouson de cuir. Il est vrai que le milieu est majoritairement masculin, mais de plus en plus de femmes se lancent. Être une femme peut même être un atout! Par exemple, lors d’une surveillance à la sortie d’une école, je peux facilement passer pour une grand-mère venue chercher son petit-enfant. Un collègue masculin du même âge attirerait bien plus l’attention.”
Un métier solitaire
“Dans les films, on voit souvent les détectives privées armés et entourés d’experts. La réalité est beaucoup moins glamour. La plupart du temps, nous sommes seuls, cachés au fond d’une voiture, à attendre un mouvement pendant des heures, parfois dans des conditions très inconfortables. C’est un boulot très solitaire, contrairement à la police, qui travaille en binôme.
Ce que j’aime dans ce métier: chaque jour est différent en fonction de la mission!
Une autre idée reçue est de croire que les détectives privés ne traitent que d’affaires d’infidélité! Les gens ne se rendent pas bien compte de l’éventail de nos compétences. On travaille aussi bien pour des entreprises que pour des particuliers dans des domaines très variés: contre-espionnage industriel, vol de secrets d’affaires, fouille de données, absentéisme injustifié, contrôle du personnel, enquêtes de moralité et de solvabilité… C’est d’ailleurs ce que j’aime dans ce métier: chaque jour est différent en fonction de la mission!”
Chacun sa spécialité
“Moi, ce que je préfère, ce sont les recherches d’informations, la cyber-investigation, et interviewer les témoins. C’est vraiment mon dada! En revanche, je déteste les filatures (la surveillance discrète des déplacements d’une personne), alors que d’autres détectives privés adorent ça. Pour une meilleure complémentarité, on travaille souvent en équipe et on se répartit les tâches selon nos compétences. Je collecte des renseignements, j’analyse des données numériques, et je monte des dossiers complets pour mes collègues qui, eux, sont plus souvent sur le terrain.”
Certaines affaires laissent une empreinte et un lien très fort se crée avec le mandant. Il y a 10 ans, au début de ma carrière, j’ai mené une enquête pendant plus d’un an pour retrouver le père biologique d’une cliente. Après de nombreuses recherches, j’ai fini par le joindre grâce aux réseaux sociaux. La satisfaction était immense! Lui aussi cherchait sa fille depuis des années, en vain. Ce sont ces moments comme ceux-là qui donnent tout son sens à mon métier.”
Vous aimerez aussi:
Recettes, mode, déco, sexo, astro: suivez nos actus sur Facebook et Instagram. En exclu: nos derniers articles via mail.