enquête L'IA et vous
64% des répondantes ont déjà utilisé un outil d’IA générative (ChatGPT, CoPilot, Gemini…). © Freepik

L’IA et vous: les 5 chiffres surprenants de notre enquête

Par Christelle Gilquin

L’intelligence artificielle générative (ChatGPT, Copilot) a fait irruption dans notre vie. Certaines d’entre nous l’utilisent tout le temps. D’autres la découvrent à peine, s’en méfient… ou s’en amusent. Et vous, dans quel camp êtes-vous? Voici ce qu’ont répondu les participantes à notre grande enquête L’IA et vous.

Depuis l’arrivée fulgurante de ChatGPT et des autres outils d’intelligence artificielle générative, nos usages numériques ont profondément changé. Curiosité, enthousiasme ou méfiance: vos réactions face à ces nouvelles technologies sont multiples.

Les résultats de notre enquête

Pour mieux comprendre vos perceptions, vos peurs et vos pratiques, nous avons mené l’enquête. Réalisée en ligne entre le 25 août et le 14 septembre 2025, l’étude L’IA et vous a rassemblé les réponses de 602 lectrices des magazines du groupe Roularta. En voici les 5 chiffres les plus importants.

Une fracture numérique

2 femmes sur 3 ont déjà utilisé une intelligence artificielle générative.

Selon notre enquête L’IA et vous, vous êtes 64% à avoir déjà utilisé un outil d’IA générative (ChatGPT, Copilot, Gemini). Une femme sur 2 l’utilise régulièrement (40% quelques fois par semaine, 27% quelques fois par mois, 20% tous les jours). Un véritable raz-de-marée pour un outil qui fête seulement ses 3 ans. “Depuis qu’on est entrés dans l’ère numérique, constate Éric Mangez, professeur de sociologie du numérique à l’UCLouvain, nous adoptons les nouvelles technologies beaucoup plus rapidement que dans le passé, si on compare par exemple avec les frigos, les radios, la télévision…” Pour expliquer ce phénomène, le spécialiste souligne d’abord l’efficacité bluffante de l’outil: qu’il s’agisse d’un mail, d’un planning de voyage ou d’une recette, la réponse arrive en un instant. Mieux qu’avec Google, déjà révolutionnaire en son temps.

Benoît Frénay, professeur à la faculté d’informatique de l’UNamur, expert en IA et chargé de mission IA pour l’UNamur, ajoute: “Avant, il fallait des connaissances pointues pour utiliser l’IA. Aujourd’hui, avec l’IA générative, n’importe qui peut s’en servir dans sa propre langue.” Bref, un succès total pour cet outil, qui, comme le fait remarquer Éric Mangez, marque aussi un étonnant retour à l’écrit, à rebours des tendances vers le son et la vidéo.

Hommes ou femmes, les utilisateurs de ChatGPT? À l’heure actuelle, c’est la parité totale: 50% d’hommes et 50% de femmes!

En regardant les chiffres de notre enquête L’IA et vous de plus près, on observe que l’enthousiasme varie selon les profils: ce sont 85% des moins de 40 ans et 76% des femmes diplômées de l’université qui utilisent l’IA régulièrement. “On retrouve la même fracture générationnelle et sociale qu’avec Internet, analyse Éric Mangez. Elle n’est pas liée à l’accès – presque tout le monde a Internet – mais au sentiment d’avoir ou non les compétences pour l’utiliser.”

Emilie Lessire, mental et business coach, et autrice de L’IA entrepreneur, note aussi des différences d’usage: “Les plus âgées demandent surtout à l’IA d’améliorer leur travail ou d’apporter un avis sur leur travail. Elles ont l’impression que sinon, c’est un peu de la triche. Les plus jeunes, en revanche, font parfois une confiance aveugle à l’IA. Elles copient-collent, citent des sources inexistantes… et ne retiennent pas forcément la matière. Or, il faut voir l’IA comme un stagiaire, qu’on doit encadrer. C’est une compétence à apprendre.”

Comment utilise-t-on l’IA?

81% des utilisatrices optent pour ChatGPT.

Quand on parle d’outil d’IA générative, c’est à ChatGPT qu’on pense en premier. “C’était le premier et il reste le plus connu, souligne Benoît Frénay. Il est très facile d’accès –sur ChatGPT.com, il n’est même plus nécessaire de se connecter– et gratuit.”

“ChatGPT est aussi le plus généraliste, ajoute Emilie Lessire. On peut lui demander tout et n’importe quoi. À l’inverse, Copilot est surtout efficace avec les logiciels Microsoft (Excel, Word, PowerPoint…). Personnellement, j’aime bien Perplexity, plus sérieux dans les sources, et Claude, très bon dans le travail des textes.”

La majorité des répondantes utilisent l’IA pour rédiger des texte et chercher des infos.

À quoi sert surtout l’IA générative? 2 usages dominent largement le classement: rédiger, améliorer ou résumer des textes et, à égalité, chercher des infos. “Ce sont les 2 usages les plus classiques, commente Emilie Lessire, ceux par lesquels on découvre l’outil. Mais il en existe bien d’autres: planifier ses vacances, trouver des idées, aider aux devoirs des enfants…”

“L’IA générative ne se destinait pas à un usage précis, complète Benoît Frénay. Elle s’est nourrie de toutes sortes de données. D’autres usages vont donc émerger.”

La méfiance domine

Près de 70% des répondantes redoutent un impact de l’IA sur leur cerveau et leur vie professionnelle.

Quand on vous demande comment vous percevez l’IA, les avis sont partagés: vous la percevez à la fois comme une menace, mais dans le même temps comme une innovation impressionnante et une aide utile au quotidien. “Il y a clairement une ambivalence, observe Éric Mangez: vos répondantes adoptent ces outils tout en restant méfiantes. Elles pressentent les problèmes: fake news, fiabilité des sources, surveillance, menaces sur l’emploi… Elles ont raison: ces défis, liés entre autres à la vitesse d’implantation phénoménale de ces technologies, ne sont pas de moindre mesure et peuvent toucher tous les domaines de notre vie.”

Votre première crainte, selon notre enquête? Que l’IA rende les gens intellectuellement paresseux. L’outil est si efficace qu’on risque en effet de lui déléguer de plus en plus de tâches et de perdre des compétences qu’on n’utilise plus. Près de 70% d’entre vous (81,4% des universitaires) pensent que l’IA va transformer leur vie professionnelle: 22,6% dans un sens positif et 19,4% dans un sens négatif, 27% n’y voyant qu’un impact léger. “L’IA va impacter la plupart des métiers, estime Benoît Frénay, mais tout dépendra de la place qu’on lui donne.” “Ces réflexions reviennent régulièrement dans l’histoire des technologies, tempère Éric Mangez. Chaque nouvelle révolution technologique a fait disparaître certains emplois, mais en a créé d’autres.”

L’IA renvoie à une crainte plus large: celle de la déshumanisation.

En moyenne, 70% des répondantes rejettent les usages de l’IA.

Notre enquête L’IA et vous porte surtout sur l’IA générative (ChatGPT, Copilot), mais l’IA s’invite aussi dans bien d’autres domaines. Et là, la méfiance domine. Seule une répondante sur 2 (53,4%) accepterait qu’une IA analyse ses données de santé pour la conseiller. Pour le reste, c’est le non qui domine: 64% refusent un diagnostic médical appuyé par l’IA, 71,6% rejettent l’idée d’une œuvre d’art générée uniquement par l’IA, 75,7% ne monteraient pas dans une voiture autonome, et 88% n’imaginent pas acheter un robot de compagnie.

“Il règne une vraie ambivalence entre l’usage massif de l’IA générative et le scepticisme face aux autres applications, constate Éric Mangez. Tant que l’IA donne des conseils sans conséquence et qu’un humain garde la main, ça passe. Mais dès qu’elle prétend remplacer toute présence humaine ou semble surveiller, la réticence est forte. Cela renvoie à une crainte plus large: celle de la déshumanisation.”

Bref, l’IA est un outil puissant, encore faut-il qu’elle reste au service de l’humain, et pas l’inverse. À nous de l’utiliser avec discernement pour en tirer le meilleur, sans perdre notre créativité ni notre humanité.

À lire: L’IA Entrepreneur. Active tes super-pouvoirs IA et révolutionne ton business, Émilie Lessire, éd. De Boeck Supérieur.

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