
Que vaut “Mon vrai nom est Elisabeth”, le livre qui buzze?
Avec sa couverture intrigante, son palmarès de prix impressionnant et son récit mêlant féminisme, santé mentale et secrets de famille, le roman d’Adèle Yon avait tout pour piquer notre curiosité. Impossible de résister à ce livre événement.
“Vous en avez de la chance” me lâche la libraire au moment où je lui tends son dernier exemplaire de Mon vrai nom est Elisabeth, paru en janvier dernier aux éditions Sous-Sol et lauréat du prix littéraire du Nouvel Obs (en lice pour le Prix Goncourt du premier roman). “Tout le monde se l’arrache, il est en réimpression, il a été vendu à 200.000 exemplaires. C’est dingue.” Dingue, oui… et réconfortant. Car ce livre traite de sujets importants tels le féminisme et la psychiatrie et imaginer qu’il se retrouve sur les tables de chevet d’autant de lecteurs fait chaud au cœur.
Une plongée fascinante dans la psychiatrie
Adèle Yon, l’autrice, est au milieu de sa vingtaine lorsqu’elle commence à s’intéresser à l’histoire de son arrière-grand-mère, prénommée Betsy (son vrai nom est Elisabeth). C’est que cette arrière-grand-mère, qu’elle n’a jamais connue et dont personne ne parle dans la famille, était considérée comme “folle”. Et qu’Adèle est parfois terrassée à l’idée de devenir folle elle aussi. Alors elle se renseigne, pose les questions que personne n’a jamais osé poser, farfouille dans les vieux albums photos…
Au fur et à mesure, elle découvre que cette Betsy fut internée en hôpital psychiatrique pendant de longues années pour schizophrénie. Qu’elle subissait électrochocs, cures de Sakel et lobotomie. Mais ces traitements étaient-ils légitimes? Elisabeth était-elle vraiment folle ou n’était-elle qu’une femme un peu trop libre et sensible dans une époque qui lui imposait de n’être qu’une bonne mère et une sage épouse?
Pourquoi ce succès? Notre avis
Le succès de ce roman se justifie amplement, déjà par son format original, entre le road trip, l’essai et l’enquête. L’autrice est chercheuse et cela se ressent dans l’écriture qui se veut rigoureuse, et dans l’investigation qui se construit au fil des pages. La narratrice nous plonge avec elle au cœur de cette enquête: nous voilà, lecteurs, métamorphosés en détectives, parcourant avec curiosité les retranscriptions des discussions, examinant avec attention les lettres de Betsy et de son époux, les dossiers médicaux et les clichés poussiéreux.
Avec ce livre, Adèle Yon donne une voix à ces femmes jugées différentes…
Enfin, que dire du sujet et qu’il met en lumière? La question du genre dans la santé mentale est un réel tabou que la narratrice explore avec sérieux et nuances. Elisabeth souffrait-elle vraiment de schizophrénie? Ou était-elle une femme expansive, “trop”, émotive, tourmentée, traumatisée, déconsidérée par son mari, un homme autoritaire, et coureur de jupons? Combien de femmes ont-elles subi le même destin, sans pouvoir jamais l’exprimer? Avec ce livre, Adèle Yon donne une voix à ces femmes jugées différentes. Elle nous laisse aussi un goût amer, qui reste encore longtemps en nous après avoir tourné la dernière page. Une colère sourde qui donne envie d’être partagée. Et de dire à toutes nos copines: “Vous avez lu Mon vrai nom est Elisabeth?”
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