Le somnambulisme touche surtout les enfants mais pas que! © Cottonbro/Pexels

Somnambule

Somnambulisme: un trouble à dormir debout

On l’observe surtout chez les enfants, mais les adultes sont aussi concernés. D’où vient cet étrange comportement nocturne? Décryptage avec An Mariman, psychiatre et somnologue.

Le somnambulisme est un exemple de parasomnie, un terme qui désigne des comportements anormaux ou inhabituels pendant le sommeil. Le sommeil comprend 4 phases : l’endormissement, le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal (ou sommeil REM, pour Rapid Eye Movement en anglais). Lors d’un épisode de somnambulisme, on se réveille soudainement – mais de manière incomplète – durant le sommeil profond. Il existe aussi un autre trouble appelé ‘trouble du comportement en sommeil paradoxal’, dans lequel les personnes vivent leurs rêves, mais ce n’est pas la même chose que le somnambulisme.

  • Quel est le niveau de conscience lors d’un épisode?

Un somnambule peut paraître éveillé parce qu’il bouge et a souvent les yeux ouverts, mais en réalité son niveau de conscience est diminué ; il n’a donc pas conscience de ce qu’il fait. La plupart des somnambules ne se souviennent de rien le lendemain. Le somnambulisme existe à différents degrés : certaines personnes se redressent simplement dans leur lit, d’autres marchent dans la maison, voire vont jusqu’à faire du vélo ou conduire une voiture.

  • Est-ce dangereux?

Le plus souvent, non. La majorité des somnambules restent dans leur chambre, mais certains se déplacent dans la maison, sortent ou montent même sur un vélo sans en avoir conscience. Là, le danger est évidemment réel. Dans tous les cas, il est essentiel de sécuriser l’environnement. Éviter tout objet dangereux dans la chambre, verrouiller les fenêtres , voire installer une alarme sur la porte d’entrée. Même si le somnambulisme est souvent bénin, il ne faut pas en minimiser l’impact. Certaines personnes se réveillent si souvent la nuit qu’elles sont épuisées en journée. Malgré l’absence de souvenir, le sommeil est bel et bien perturbé. Si cela se répète fréquemment, cela peut fortement affecter la qualité de vie.

  • A-t-on une idée des causes de ce phénomène?

La cause exacte reste incertaine. Le problème serait lié à un dysfonctionnement de la régulation sommeil/ éveil dans le cerveau. Cela expliquerait pourquoi ce trouble est plus fréquent chez les enfants, dont le système nerveux est encore en développement. L’hérédité joue également un rôle majeur : plus de la moitié des somnambules ont un parent ou un grand-parent qui l’était aussi.

  • Peut-on en souffrir davantage à certaines périodes?

Oui, plusieurs facteurs peuvent déclencher les crises : le manque de sommeil, le bruit ambiant, un partenaire qui ronfle ou bouge beaucoup… Tout ce qui perturbe ou fragilise le sommeil profond favorise le somnambulisme chez les personnes prédisposées. Chez les adultes, l’alcool, la caféine ou certains médicaments peuvent également jouer un rôle, tout comme la fièvre ou le stress. Les personnes âgées et celles atteintes de maladies neurodégénératives comme Parkinson présentent, elles aussi, un risque accru.

  • Est-ce fréquent?

En moyenne, 5 % des enfants sont somnambules. Vers 12 ans, ce chiffre peut atteindre 17 %. La plupart en sortent naturellement, mais environ 1 à 2 % des adultes continuent à être concernés. L’inverse existe aussi : certaines personnes commencent à ‘somnambuler’ à l’âge adulte. Dans ce cas, on recherche toujours d’autres causes éventuelles : apnée du sommeil, crises d’épilepsie nocturnes ou effets secondaires de nouveaux médicaments. Cela n’est pas forcément la cause, mais il faut l’exclure.

  • À quelle fréquence les cas les plus sévères partent-ils “en vadrouille”?

La fréquence varie selon la période et le niveau de stress. Certains patients somnambulent presque toutes les nuits, voire plusieurs fois par nuit dans les périodes difficiles.

  •  Est-il déconseillé de réveiller un somnambule?

C’est une idée très répandue, mais pas tout à fait exacte. En réalité, le somnambule paraît éveillé, mais sa conscience reste altérée. Le réveiller peut le désorienter, l’effrayer, voire le rendre agressif. Le danger est donc plutôt pour la personne qui le réveille. Le mieux est de le raccompagner doucement vers son lit sans le réveiller.

  • Peut-on remédier au somnambulisme?

Chez les personnes sujettes au somnambulisme, une bonne hygiène de sommeil est essentielle. Garder un rythme régulier et éviter tout ce qui peut perturber le sommeil ou provoquer une dette de sommeil comme une consommation excessive d’alcool, de nicotine ou de caféine. Pour ceux dont le stress est un facteur déclencheur, il est important de le traiter, par exemple grâce à la psychothérapie ou à la pleine conscience (mindfulness). Si les épisodes persistent, il peut être utile de consulter un spécialiste du sommeil. Certains médicaments – comme les antidépresseurs ou les antiépileptiques – peuvent aider, mais les études scientifiques manquent encore pour le confirmer.

  • Faut-il s’inquiéter si son enfant est souvent somnambule?

Si cela reste occasionnel et que l’enfant ne fait rien de dangereux, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Mais si les épisodes se multiplient ou si l’enfant (ou le parent) est épuisé à cause des réveils nocturnes, il est préférable de consulter un spécialiste du sommeil.

Texte Lien Lammar 

Plus de la moitié des somnambules ont un parent ou un grand-parent qui l’était aussi

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