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Maman solo: comment s’en sortir?

Elles sont majoritairement en charge des enfants, malgré un plus petit salaire et un emploi souvent précaire. Comment font les mamans solos pour s'en sortir? Décryptage de cette situation de plus en plus courante et des difficultés liées.

Papa solo, maman solo… On les voit de plus en plus, dans la vraie vie comme dans la pub qui s’empare allègrement de cette nouvelle cible. Car c’est un fait: même si 63% des familles suivent encore le modèle classique familial, le nombre de séparations est en augmentation et concerne aujourd’hui 21% de familles monoparentales et 16% de familles recomposées. Le modèle familial change, et cette situation est de plus en plus banalisée, alors qu’elle cache une réalité plus complexe que ce que le vernis social laisse transparaître.

Les conclusions du dernier Baromètre des parents de la Ligue des familles sont claires: “Les parents solos s’appauvrissent encore plus, comme chaque année depuis que le Baromètre existe.” Même si elle “se passe bien”, une séparation est loin d’être anodine, suppose une réorganisation complète de sa vie (logement, travail, logistique, mobilité, paiement des charges…), et l’obligation de trouver une manière de fonctionner seule, là où l’on fonctionnait en duo, même mal. Et si cette logique concerne les hommes comme les femmes, les chiffres et la réalité du terrain montrent que pour les mamans solos, c’est encore plus galère.

Un concours de circonstances

Différents paramètres peuvent expliquer que les femmes se retrouvent coincées dans une situation plus précaire que celles des hommes.

  • La garde des enfants. Aujourd’hui, ce sont les mères qui ont majoritairement la garde des enfants, lorsqu’elle est organisée de manière exclusive ou principale:
    – Si l’hébergement est à temps plein chez un des deux parents (cet hébergement dit “exclusif” concerne 30% des séparations), c’est dans 79% des cas chez la mère.
    – Si l’hébergement est principal chez un parent (les enfants passent seulement un week-end sur deux et la moitié des vacances chez l’autre parent), c’est le plus souvent chez la mère (13% contre 2% des pères).
  • L’autonomie financière des femmes. Elle est rendue précaire par des inégalités structurelles au monde du travail: temps partiels prédominants dans les secteurs féminisés, forte concentration de femmes dans des emplois peu qualifiés, écart salarial,
    contrats flexibles/précaires, discrimination à l’emploi, peu de possibilités de progression, emplois féminisés à bas salaires…
  • La contribution alimentaire. 47% des parents séparés qui y ont recours, et dans les faits, 21% des femmes (contre 11% des hommes) la reçoivent de manière très irrégulière. Pire, parmi la totalité des parents séparés, les mères sont 16% à déclarer ne pas avoir osé demandé une contribution à leur ex-conjoint.

Une réalité cachée

Pour Catherine Bourlet, maman séparée de 5 enfants et fondatrice de l’ASBL Solo mais pas seul, “les femmes qui fréquentent l’association n’ont pas un profil type. Cela peut arriver dans tous les milieux. Cet accident de parcours, à un moment donné, fait qu’on n’arrive plus à faire face aux besoins essentiels de sa famille. La précarité de ces femmes est une réalité invisible aujourd’hui, même l’entourage proche ne se rend pas toujours compte que, même avec un temps plein, assumer toutes les charges d’une maison et des enfants, même en garde alternée égalitaire, c’est compliqué. Cela met parfois en colère de s’apercevoir que les autres ne voient pas à quel point c’est galère. On n’a pas toujours un réseau amical ou une famille soutenante, et puis il y a une honte qui s’installe autour de ces situations-là. Quand en fin de mois, on ne peut pas servir une boîte à tartines correcte à ses enfants, c’est gênant. Beaucoup de femmes pensent que si elles en parlent, on va leur enlever la garde de leurs enfants. Elles préfèrent donc cacher leur situation par peur et par honte d’être pointée du doigt”.

Sortir de l’isolement

Anne-Sophie, maman solo, ne va d’ailleurs jamais au resto, “parce que quand on va au resto avec des amis, ils boivent de l’alcool. Moi je fais très attention, et c’est délicat de dire qu’on ne veut pas partager la note, donc je n’y vais plus. Et pour finir, je m’isole, c’est un cercle vicieux”.

L’isolement, c’est une des raisons majeures qui a poussé Catherine Bourlet a créer son association Solo mais pas seul à Jodoigne: “J’essaie de multiplier les partenariats pour pouvoir organiser des journées gratuites à la mer par exemple: on part tous en car, on fait une visite, les enfants font du cuistax… Pour certains, c’était la première fois! On lance des apéros pour créer du lien, papoter et se lier d’amitié, et j’organise des ateliers écolos pour que les femmes se rendent compte que c’est bien moins cher de fabriquer ses produits soi-même… On fait des balades et là on vient de commencer un chouette projet de potager partagé avec l’ASBL le Rose-Eau: on va cultiver nos légumes sur une parcelle, rencontrer d’autres personnes, dans un esprit intergénérationnel. C’est un projet dans l’air du temps, parce que c’est important de rester connectée au monde d’aujourd’hui”.

Trouver des aides

Catherine Bourlet: “Il existe différentes aides mais elles sont méconnues, par exemple le statut BIM à la mutuelle (sous un certain salaire annuel, on a droit à ne payer que le tiers payant chez le médecin par exemple) ; ou comme les allocations familiales majorées, le SECAL quand la contribution alimentaire n’est pas payée, le fonds du chauffage via le CPAS (même si on n’en dépend pas), le droit de tirage pour la facture d’eau, l’aide juridique d’un avocat pro deo… Quand on est en pleine séparation, on ne sait pas toujours où s’informer. Il faut prendre son bâton de pèlerin et faire toutes les chapelles et c’est éprouvant”.

À ce sujet, deux initiatives récentes font bouger les choses:

  • La Ligue des familles propose la création d’un nouveau système public d’aide aux parents qui se séparent: un dispositif auquel le parent séparé accède via une plateforme en ligne et qui lui permet d’obtenir gratuitement des informations sur les services existants ainsi que des “bons à valoir” pour des séances de psychologie, de médiation, de conseil juridique et d’accompagnement social. Ce, sur simple déclaration de séparation.
  • La Région wallonne vient d’ouvrir un nouveau site d’informations qui reprend une série d’aides disponibles à ce jour, et les marches à suivre pour les obtenir: découvrez-le par ici.

Texte: Stéphanie Grosjean

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