Ecotaqa

Journée des Droits des Femmes: Créer des emplois et de l’énergie à partir des déchets

8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes et pour l’occasion, les entrepreneuses sociales sont à l’honneur.

Le saviez-vous? 45% des entrepreneurs sociaux dans le monde sont des femmes – une proportion bien plus élevée que dans l’entrepreneuriat «classique» (33%). Des entrepreneuses sociales qui pensent que l’entreprise ne doit pas se limiter à générer des profits, mais peut être un levier pour changer les choses. A l’occasion de la Journée de la Femme, découvrez le portrait de 21 d’entre elles aux 4 coins du monde, grâce à l’opération Women in Businesses For Good à laquelle Femmes d’Aujourd’hui, ainsi que 20 autres médias internationaux, participe.

Créer des emplois et de l’énergie à partir des déchets

Mona al-Khodairy rêvait de briser une pratique répandue en Égypte: celle de réserver certains métiers aux hommes. Son rêve s’est transformé en un objectif plus ambitieux encore: offrir aux femmes de nouvelles possibilités d’emploi tout en jouant un rôle essentiel dans la protection de l’environnement. Diplômée de la Faculté d’ingénierie d’Assiout, Mona al-Khodairy lance sa startup, Ecotaqa, à 26 ans. Son objectif: contribuer à résoudre un double problème – la pénurie d’énergie et la gestion des déchets solides en Egypte – en développant la production de biogaz. La technique : décomposer le fumier et d’autres déchets organiques d’origine agricole en anaérobie (absence d’oxygène) pour
produire une énergie qui peut être utilisée comme du gaz de cuisson.

Dès le début de son parcours d’entrepreneure, Mona al-Khodairy tient à développer son entreprise avec un savoir-faire professionnel. Elle suit une formation complète et approfondie dans le cadre d’un nouveau plan, « Amélioration de l’employabilité des jeunes et du développement économique local en Haute-Égypte ». Ce programme, chapeauté par le Ministère de l’industrie, du commerce et des petits et moyens projets, financé par le gouvernement japonais et géré par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), la met sur la bonne voie en lui enseignant des méthodes de marketing efficaces et en développant ses compétences techniques. Il lui fournit également un soutien financier indirect en élargissant son réseau et en attirant des investisseurs potentiels.

« Les paysans souffrent d’une crise énergétique qui a frappé le pays ces dernières années, en particulier dans les zones rurales », explique Mona al-Khodairy lors d’un symposium à Nahdet al-Mahrousa. Elle note que l’achat de bouteilles de gaz constitue un fardeau financier pour ceux qui ont un revenu limité. « Certains paysans m’ont demandé de construire une unité de biogaz pour eux ». La technique du biogaz transforme également les déchets organiques en lisier, une matière riche en nutriments qui sert de substitut bio aux engrais chimiques, sans leur impact négatif sur l’agriculture. Ces unités de biogaz créent des opportunités d’emploi, notamment pour les femmes. Les hommes et les femmes peuvent maintenant créer leur propre petite entreprise et vendre leur excédent d’énergie et d’engrais produits. « Certains paysans utilisent un système de biogaz non seulement pour
augmenter leurs récoltes, mais aussi comme projet d’investissement, dans l’optique de vendre des engrais », déclare Mona al-Khodairy. Une unité de biogaz coûte actuellement 6000 livres égyptiennes (environ 280 euros). Selon Mona al-Khodairy, les bénéfices d’une unité peuvent couvrir son prix en trois mois environ. L’initiative de Mona al-Khodairy possède un grand potentiel, déclare Ahmed Huzzayin, ingénieur et directeur à l’ONUDI. « 97% des déchets solides en Égypte ne sont pas utilisés de manière
appropriée. S’ils étaient recyclés, 1,6 million d’emplois pourraient être créés ».

Lorsque le projet démarre en 2014, Ecotaqa met en place 90 unités en un an dans plusieurs gouvernorats égyptiens. Depuis, la startup en a construit plus de 240, de différentes tailles, dans 11 gouvernorats, dont Louxor, Assiout, Dakahleya, Fayoum, Qena, ach-Charqiya, Sohag et Al-Minya. Ecotaqa s’est aussi associé à l’Organisation internationale des employeurs (OIE) pour former des dizaines d’ingénieurs et de travailleurs dans le gouvernorat de Menufeya, ce qui aboutit à la construction de 20 unités. Le succès du premier atelier avec l’OIE a ouvert la voie à de nouveaux partenariats dans d’autres gouvernorats.

Mona al-Khodairy a tout d’abord fait face à des réactions sociales négatives. « Au tout début, dans les petits villages, la plupart des hommes se sont montrés réticents à investir leur argent dans un projet géré par une ingénieure. J’ai donc approché les femmes comme moyen de convaincre indirectement les maris et les fils », se souvient-elle. Cette stratégie permet d’autonomiser les femmes des zones rurales, et ces dernières l’ont aidée à concrétiser sa vision. Une fois que le projet s’est avéré un succès, les barrières sociales ont commencé à tomber. « Au fil du temps, j’ai su établir ma crédibilité et gagner la confiance grâce au bouche-à- oreille et aux gains procurés par les unités ».

Par Heba Helmy pour Egypt Independent

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