Petits bâtards

« Je t’aime maman, pardon pour ton périnée »

On aime ou on n’aime pas; mais c’est bel et bien le type d’inscriptions que la marque Les Petits Morpions véhicule via sa collection de bodys destinés aux nourrissons. Des vêtements tout de noir et blanc qui se veulent plus originaux et plus osés que ceux dont nous couvrons habituellement nos rejetons…
Oui.
La créatrice des Petits morpions, lassée sans doute par la mièvrerie ambiante qui hante l’univers enfantin, propose de changer la donne.
“Si vous êtes cap’ de faire porter à votre morpion un body original, de l’habiller de manière décalée et que vous voulez sortir du lot, vous êtes au bon endroit!”, peut-on lire sur le site Internet de la marque.
En elle-même, l’idée de “sortir du lot” n’est pas répréhensible. L’humour n’a jamais fait de mal à personne (quoique). Mais chez Les Petits Morpions, on semble ne pas prendre mesure de ce qui sépare l’ouverture d’esprit (qualité vantée par l’enseigne) et l’humour (même trash) de la haine.

Ainsi donc on se sert de l’image de Zwarte Piet (par exemple) pour passer des messages ouvertement racistes.

Et l’on tacle les gros au passage.

Ça passe ou ça casse?

Or donc, résumons-nous: tous les parents du monde (ainsi que tous ceux qui n’ont pas d’enfants, d’ailleurs) savent à quel point nos petits ressemblent souvent (et dramatiquement) à de furieux gremlins plutôt qu’à de braves bisounours.
Proposer aux parents des vêtements qui sortent de cet épouvantable business Disney, quitter enfin le système binaire –fille rose/bleu garçon–, faire de l’humour et jouer sur les mots: l’intention est louable.
Mais faire du trash pour le plaisir faire du trash, flirter avec la méchanceté, se vautrer dans le mépris et afficher des propos racistes ou grossophobes, c’est racoleur, complètement idiot, résolument inacceptable.

Gageons qu’à l’avenir, les petits malins de chez Les Petits Morpions tourneront sept leur langue dans leur bouche avant de l’ouvrir. “Toutes des putes sauf maman”, “Les gros sont plus faciles à kidnapper”, “Petits bâtards”… Bien essayé mais, non, ça ne passe pas.

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