L’instantanée de Nico: rencontre avec Janine Boissard
L’auteure de l’éternelle saga L’esprit de famille a décidé de retourner à La Marette pour retrouver Claire, Pauline, Cécile et Bernadette, les quatre filles du docteur Moreaux; non pas pour une suite, mais pour un reboot. Une madeleine de Proust remise au goût du jour pour les fans de la première heure.
“C’est ma famille qui m’a inspirée à l’origine et c’est encore ma famille qui m’inspire aujourd’hui.”
Comment vous est venue cette idée de reboot?
Certaines lectrices continuaient à fondre en larmes quand elles me voyaient tellement j’ai eu, paraît-il, un impact sur leur vie. J’ai sorti L’esprit de famille après 68 quand certains disaient que la famille était morte. Moi, j’osais dire que la famille ça pouvait être bien et tout le monde s’est jeté dessus. C’est sans doute ça un best-seller, un livre qu’on écrit sans savoir qu’il est attendu. Depuis, on me réclamait la suite et je ne voulais pas. Et puis, je me suis dit, plutôt que de faire une suite où les héroïnes auraient 60 ans, il valait mieux que je remette tout ça au goût du jour.
Ça vous a fait quoi de vous replonger dans cet univers?
Je me suis tout de suite sentie bien. Je me suis aperçue que je n’avais pas changé, je suis toujours le personnage de Pauline. Finalement, on garde toujours une part d’enfance et d’adolescence.
Comment avez-vous appréhendé la modernité dans la nouvelle mouture?
Grâce à mes 10 petits-enfants! Je vis avec leur avenir, pas avec mon passé. C’est pour ça que je n’ai pas de mal à parler leur langage, à penser comme eux. C’est ma famille qui m’a inspirée à l’origine et c’est encore ma famille qui m’inspire aujourd’hui.
L’esprit de famille était votre premier roman intime…
Oui. J’ai été publiée dès l’âge de 20 ans. J’ai présenté mon premier livre à René Julliard qui m’a dit cette phrase merveilleuse: “Vous êtes un écrivain” et cette phrase assassine: “Je vous prends parce que vous ne parlez pas de vous.” Pendant 10 ans, j’ai écrit des histoires loin de moi et je me souviendrai toujours du jour où mon attaché de presse m’a dit: “Tu devrais écrire des choses plus proches de toi.” J’ai répondu que je ne pourrais pas mais je suis rentrée chez moi, j’ai pris une page blanche et j’ai commencé par “Je n’ai jamais aimé mon nom”. Imaginez qu’il ne m’ait pas dit ça, je n’aurais jamais écrit L’esprit de famille!
À l’époque, la famille Moreau était une sorte de famille-pansement pour vous, pour combler une enfance difficile… Elle l’est encore aujourd’hui?
Non, sinon dans l’écriture. C’est vrai que j’ai eu une enfance pas très facile où j’étais différente, celle qu’on traitait de pas normale, qu’on envoyait dans les pensions… J’étais très malheureuse mais j’avais quand même un père et une mère qui m’aimaient à leur façon. C’est une blessure qui me ramène à cette phrase de Braque: “L’art est une blessure devenue une lumière”. Je pense que tant que la blessure me dira “je voudrais conquérir le monde et je ne peux pas”, je continuerai à écrire. L’écriture m’a toujours sauvée. Enfant, je me disais que je serais un écrivain célèbre sans savoir exactement ce qu’était la célébrité.
Vous vouliez devenir écrivain depuis l’enfance?
Je voulais être célèbre parce que je pensais que je serais aimée. Alors que quand on est célèbre on est jalousé. Heureusement, je ne suis pas trop célèbre donc je ne suis pas trop jalousée. Sauf par des écrivains intello qui tournent autour de leur nombril et qui méprisent la littérature populaire, alors que la littérature populaire, c’est les grands.
Rencontre & portrait: Nicolas Witczak
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