
Syndrome de la femme pressée: en souffrez-vous?
Vous avez tendance à courir partout et à ne jamais réussir à cocher tous les points dans votre to-do list? Vous êtes peut-être atteinte du syndrome de la femme pressée. Ce dernier existe bel et bien et peut être catastrophique pour la santé!
L’Australienne Libby Weaver, diététicienne et docteure en biochimie et nutrition, a été une des premières à identifier le syndrome. Pour elle, celui-ci est d’autant plus redoutable qu’il ne découle pas nécessairement d’une véritable urgence: c’est l’impression, le sentiment d’urgence dont il est question. “Qu’une femme ait 2 ou 200 choses à faire dans sa journée ne semble pas importer…”, écrit-elle dans son livre Le syndrome de la femme pressée.
La sensation de devoir penser à tout
Tendue à bloc, la “femme pressée” s’épuise quotidiennement à essayer de tenir le rythme, sans pouvoir échapper à l’intime et décourageante conviction qu’elle n’y arrivera pas. En cause, un emploi du temps souvent serré, bien entendu, mais aussi et surtout la fameuse “charge mentale”, concept qui dénonce l’empiètement constant de l’univers domestique sur l’univers professionnel. Non seulement la Belgique est encore loin de l’équilibre hommes/femmes dans les tâches domestiques et familiales – comme l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes le rappelait en 2020,”81% des femmes belges effectuent quotidiennement des tâches domestiques, contre 33% des hommes” – mais la plupart des femmes engagées dans une relation hétérosexuelle ont également la sensation de devoir penser à tout. Elles s’organisent sans cesse pour assurer la bonne marche du foyer, tandis que leurs conjoints, même de bonne volonté, se contentent d’attendre qu’elles leur disent quoi faire.
Une question de survie
Obligations professionnelles, tâches domestiques et charge mentale se combinent pour produire le syndrome de la femme pressée, qui est inconfortable, mais surtout, comme alerte Libby Weaver, “catastrophique pour la santé”. Avant tout parce que le stress ponctuel, si utile en cas de danger, fait des ravages lorsqu’il devient chronique. En cas de stress, rappelle l’autrice, “le corps sécrète de l’adrénaline pour fournir plus d’énergie. Il convertit en glucose le glycogène stocké dans le foie et les muscles, afin d’augmenter le taux de glycémie. La pression artérielle s’élève, tout comme le rythme cardiaque, pour apporter plus d’oxygène aux muscles. Les muscles se contractent, prêts à agir. Et l’immunité, la digestion et l’activité sexuelle ‘s’éteignent’, car ces trois fonctions consomment inutilement de l’énergie nécessaire à la survie immédiate”.
Malade, moi?
Une fois le danger passé, ces fonctions sont censées revenir à l’équilibre. Mais, lorsque le stress devient chronique, le déséquilibre se maintient, et des maladies peuvent apparaître:
- Sécrétion d’adrénaline: troubles anxieux, dépression;
- Hausse de la glycémie: diabète de type 2;
- Augmentation de la pression artérielle: hypertension;
- Troubles du rythme cardiaque: infarctus;
- Contractions musculaires: douleurs dorsales et cervicales;
- Diminution de l’immunité: vulnérabilité aux infections, maladies auto-immunes;
- Baisse de la fonction digestive: dyspepsie fonctionnelle, syndrome de l’intestin irritable;
- Baisse de la libido: troubles sexuels, infertilité.
Des maladies qui ont tout le temps de s’installer. L’influence toxique du stress se traduisant souvent, au départ, par des symptômes apparemment banals, comme la fatigue, les troubles du sommeil ou le manque d’appétit.
Faites le test
Êtes-vous atteinte du syndrome de la femme pressée? Selon Libby Weaver, une femme pressée:
- dort trop peu et mal;
- se sent à la fois fatiguée et tendue;
- réagit facilement de manière excessive;
- est irritable;
- a une to-do list à rallonge dont elle ne vient jamais à bout;
- répond “hyper-occupée” ou “stressée” quand on lui demande comment elle va;
- se sent souvent submergée;
- est accro au café;
- a du mal à se détendre sans un verre de vin;
- a peu d’appétit ou, à l’inverse, des fringales de sucre, surtout la nuit;
- présente des problèmes digestifs;
- présente des troubles menstruels/connaît une ménopause difficiles;
- a une mauvaise mémoire à court terme;
- culpabilise de prendre du temps pour elle;
- culpabilise de ne pas être une assez bonne compagne/mère/amie;
- flippe dès qu’elle n’a pas son téléphone sur elle;
- ne parvient pas à se reposer vraiment, même en vacances;
- respire de façon rapide et superficielle et se sent souvent essoufflée;
- accuse les autres de “la stresser” alors que c’est elle qui se met la pression;
- ne sait pas dire non, mais ne sait pas non plus déléguer.
Combien de ces 20 affirmations vous correspondent? Entre 0-4: vous n’êtes pas concernée! Entre 5-7: vous êtes bien partie pour le devenir. Entre 7 et plus: ça y est, vous l’êtes!
Comment réagir?
Si vous êtes atteinte par le syndrome de la femme pressée, vous avez tout intérêt à réagir.
1. Posez-vous les bonnes questions
En commençant par écouter – enfin! – cette petite voix intérieure qui vous crie STOP! Pour faire le point, une introspection s’impose. Demandez-vous comment vous vivez, pourquoi vous vivez comme cela, et d’où vient cette impression combinée d’urgence et d’impuissance qui vous gâche les plus belles victoires quotidiennes. Vous accordez-vous suffisamment de petits plaisirs, de moments pour vous, ou vous contentez-vous de subir les événements, de suivre un rythme que vous ne devriez pas vous imposer? Dès que vous aurez admis que votre environnement n’est pas seul en cause et que, par votre manière de penser et de fonctionner, vous participez à ce qui vous arrive, le syndrome de la femme pressée cessera de diriger votre vie.
2. Changez vos habitudes
Libby Weaver prône les “petits changements qui peuvent avoir un résultat puissant”. Changez donc…
- Votre alimentation: pour Libby Weaver, lutter contre le stress et les émotions négatives qu’il génère est beaucoup plus difficile pour qui se gave de caféine, d’alcool et d’aliments “pauvres”. “Les nutriments que vous tirez de la nourriture sont les moteurs de toutes les réactions chimiques de votre organisme”. Aux aliments transformés, préférez donc “de vrais aliments qui vous nourrissent” et mangez-les aussi souvent que possible sous leur forme brute.
- Votre façon de bouger: chez les femmes pressées, c’est le système nerveux orthosympathique qui domine, celui qui prépare l’organisme à l’action et dont le rôle est crucial en situation d’urgence. Pour donner sa chance à votre système nerveux parasympathique, qui ralentit les fonctions de l’organisme afin de conserver l’énergie, Libby Weaver conseille des activités physiques ‘yin’, comme le taï-chi, le qi gong ou le yoga. Et au minimum trois fois par semaine!
- Votre sommeil: “Un sommeil réparateur est crucial pour tous les aspects de notre santé!”, insiste Libby Weaver. Malheureusement, le stress entraîne une production excessive, par les glandes surrénales, de cortisol (hormone du stress), dont le taux baisse en principe en début de soirée pour remonter à partir de 2 ou 3 heures du matin, mais qui, chez la femme pressée, ne diminue plus ou plus assez. D’où un mauvais sommeil et des modifications de comportement: “Votre corps a l’impression de devoir tout faire à toute allure”. Solution proposée? La cohérence cardiaque! Pour gérer votre stress et réguler votre taux de cortisol, prenez 5 minutes 3 fois par jour pour respirer à un rythme particulier: 5 secondes d’inspiration et 5 secondes d’expiration, soit 6 fois par minute. Ou, si vous préférez, prévoyez 20 respirations abdominales (en gonflant l’abdomen) trois fois par jour.
3. Prenez du temps pour vous
Pour Libby Weaver, il est essentiel de s’octroyer des moments en solo. La science a prouvé les bienfaits sur la santé du temps passé en solitaire, affirme-t-elle. Il fait chuter les hormones du stress, fait la part belle au système nerveux parasympathique, favorise la réparation et la digestion, et c’est un stimulant pour la mémoire, la créativité, l’humeur et l’empathie. Il nous permet de recharger nos batteries”. Vous ne savez pas comment vous y prendre? Vous balader en admirant ce qui se passe autour de vous est un bon début!
Pas de solution magique
Bien que vous mettiez ces conseils en application, il vous arrivera encore d’être emportée par la précipitation! Mais, dès qu’un sentiment d’urgence vous rattrapera, arrêtez-vous et cherchez ce qui vous a menée là. “Sans vous raconter des histoires sur la façon dont votre vie est dure/chargée/accablante, commente Libby Weaver. Ni rejeter la faute sur ceux qui vous entourent. Vous ne pouvez pas les changer. Vous ne pouvez changer que vous”.
L’impact de ce syndrome sur le corps
Des douleurs variées, liées au stress, peuvent découler du syndrome de la femme pressée.
Des douleurs au ventre
Deux des principales causes du mal de ventre, la dyspepsie fonctionnelle, qui se traduit par des douleurs après les repas, des ballonnements et une digestion difficile, et le syndrome de l’intestin irritable, qui combine mal de ventre et troubles du transit (constipation ou diarrhée), ne correspondent à aucune cause médicale identifiable. Pourtant, ces troubles fonctionnels touchent environ 20% de la population, et, bien qu’ils soient sans gravité, leur impact sur la qualité de vie est incontestable. Comme ils touchent à 80% les femmes, les spécialistes concluent que la sensibilité du tube digestif varie en fonction du taux de certaines hormones, lui-même influencé par le stress! Que faire? Les médicaments soulageront uniquement les symptômes. Par contre, certains probiotiques réduisent les sensations de ballonnements et de distension intestinale. Et, comme plusieurs études l’ont montré, l’hypnothérapie peut apaiser l’hypersensibilité des intestins.
Des soucis hormonaux
“Les femmes pressées, ce sont des femmes en état d’alerte permanent, dont le système nerveux orthosympathique est surstimulé, remarque Ingrid Theunissen, gynécologue, spécialisée en médecine intégrative. Leurs principaux équilibres hormonaux en sont impactés, parce que le cerveau des femmes est en prise directe avec leur utérus, mais aussi – et c’est moins connu – parce qu’en mangeant n’importe quoi, elles maltraitent leur microbiote intestinal. Or, le microbiote joue un rôle essentiel dans la façon dont les hormones sont métabolisées par l’organisme”.
Par chance, les fluctuations de notre cycle menstruel nous servent de signal d’alarme. “Que vous ayez un cycle naturel ou que vous soyez sous pilule ou stérilet, tout changement doit vous alerter et vous faire réfléchir à votre fonctionnement. Et en particulier à l’alternance des phases d’activité et de repos qui, chez les femmes pressées, est réduite au strict minimum”. Le conseil de la gynéco? “Même submergée de travail, accordez-vous régulièrement des temps de récupération. Sinon, la surcharge mentale finira par avoir raison de vous”.
Des risques cardio-vasculaires
Comme le rappelle Liliane Jahjah, cardiologue au CHU Saint-Pierre, “une femme a désormais sept fois plus de risques de mourir d’une affection cardiovasculaire que d’un cancer du sein. Et le stress y est pour beaucoup”. En cas de stress aigu, l’organisme libère des hormones – adrénaline, cortisol… – qui font monter la tension, rétrécissent le calibre des artères, augmentent la fréquence cardiaque et entraînent la libération dans le sang de graisses. “Ces dernières se déposent sur la paroi interne des artères, provoquant, à terme, le développement de l’athérosclérose. Une chronicisation du stress ne peut donc qu’aggraver le profil de risque cardiovasculaire global”.
Il y a quelques années, les femmes étaient moins touchées par les maladies cardiovasculaires que les hommes. “Mais aujourd’hui, c’est la première cause de décès. Alors que, pour les hommes, le cancer a pris le dessus. Et ce retournement de situation est en grande partie dû au stress chronique, qui pousse les femmes à négliger leur hygiène de vie avec un impact délétère sur le risque cardiovasculaire”.
Le syndrome du cœur brisé
“Le Takotsubo (“piège à pieuvre”), qui touche huit ou neuf femmes pour un ou deux hommes, peut survenir sous l’effet d’un stress négatif ou positif: l’annonce d’un décès ou un licenciement, par exemple, mais aussi une promotion. L’émotion déclenche une telle libération d’hormones de stress que le muscle cardiaque en est paralysé, surtout à la pointe”, explique la spécialiste. Le Takotsubo mime l’infarctus – violente douleur, sensation d’oppression – mais les artères coronaires n’ont rien et, au bout de quelques jours, parfois quelques semaines, le cœur se normalise sans séquelles. “Même si, dans de rares cas, cette affection peut entraîner des arythmies graves et une mort subite”.
La solution? Se débarrasser du stress
Victime de stress? Le tout est d’en parler à vos proches. Trop de femmes stressées – ou ‘pressées’ selon l’intitulé du livre – cherchent à préserver leur entourage en gardant tout leur stress pour elles. Résultat: il ne fait qu’augmenter! Il est important d’impliquer les différents membres de la famille dans l’organisation quotidienne.
Lire plus: “J’aime avoir le contrôle sur tout, comment lâcher prise?”
Pour le reste, c’est d’abord une question d’hygiène de vie: manger mieux, bouger plus – trente minutes de marche par jour ont déjà un impact positif! – faire du yoga, de la méditation, apprendre des techniques de relaxation. Et ne pas prendre le tabac à la légère: cinq cigarettes par jour suffisent à multiplier par cinq le risque de faire un infarctus, surtout en post-ménopause! “Enfin, je conseille à toutes les femmes, déjà habituées au dépistage du cancer, d’aller chez le cardiologue en prévention, surtout si elles fument”, conclut Liliane Jahjah, cardiologue au CHU Saint-Pierre.
Le syndrome de la femme pressée, Dr Libby Weaver, Éditions Leduc, 2021. Texte: Marie-Françoise Dispa, coordination: Christelle Gilquin, adaptation Web: Justine Leupe.
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