
Faut-il bannir les tampons?
Faut-il bannir les tampons pour éviter le choc toxique menstruel? Le Professeur Jean-Luc Squifflet, du service de gynécologie des Cliniques Universitaires Saint-Luc, nous aide à y voir plus clair.
Depuis que Maëlle, une jeune Namuroise de 17 ans, a été emportée en 48 heures par un choc toxique causé par un tampon menstruel, de nombreuses femmes s’interrogent: faut-il bannir ce type de protection périodique?
Un choc toxique provoqué par une bactérie
Les produits chimiques, parfums, etc. entrant dans la composition de certains tampons n’y sont pour rien: le syndrome du choc toxique (SCT) est causé par une bactérie, le staphylocoque, naturellement présente sur la peau et les muqueuses de 30 à 40% de la population. Cette bactérie est généralement sans danger, sauf lorsqu’elle trouve un milieu propice à son développement. Elle commence alors à se multiplier et produit une toxine qui pénètre dans la circulation sanguine et déclenche, si l’organisme est incapable de se défendre contre elle, une réaction immunitaire disproportionnée, avec vasoconstriction des vaisseaux périphériques, hypotension et défaillance multiple des organes pouvant aller jusqu’au décès.
Moins de 5 cas par an
Le syndrome du choc toxique n’est pas exclusivement lié aux règles et ne concerne pas que les femmes: il peut survenir après une blessure, une brûlure, une intervention chirurgicale, etc. “Mais le choc toxique sur tampon est d’autant plus dramatique qu’il touche toujours des patientes jeunes (le plus souvent même des adolescentes entre 15 et 19 ans) qui en sont à leurs premières années, voire leurs premiers mois d’utilisation des tampons”, souligne le Professeur Squifflet. Comme le SCT est très rare (une vingtaine de cas recensés par an en France, et moins de 5 en Belgique) nous supposons qu’il existe chez ces jeunes filles, par ailleurs en parfaite santé, une sensibilité encore inexpliquée à la toxine produite par le staphylocoque”. Staphylocoque auquel la combinaison règles + tampon assure un environnement privilégié. “Outre que le staphylocoque adore le sang, qui est bloqué dans le vagin par toute forme de protection interne, le seul fait d’introduire un tampon dans ce milieu normalement pauvre en oxygène y fait entrer de l’air, qui favorise également la multiplication de la bactérie”.
La cup? Pas plus sûre!
Des changements de tampon trop peu fréquents (le délai à ne pas dépasser est normalement de 4 à 6 heures) constituent-ils un facteur déterminant? “Il est certainement préférable de remplacer son tampon régulièrement”, admet le Professeur Squifflet. “Mais le processus de multiplication du staphylocoque et de production de la toxine peut être très rapide. Dans l’état actuel des connaissances, on ne peut pas affirmer que changer fréquemment de tampon prévienne à coup sûr la survenue du choc toxique”. Mais une chose est sûre: le risque existe pour toutes les protections internes, puisque toutes bloquent le sang dans le vagin et y font entrer de l’oxygène. Autrement dit, un tampon bio ne l’emporte pas sur un tampon normal, ni une éponge menstruelle sur un tampon, ni une cup sur un tampon ou une éponge. “Par rapport au choc toxique, la “cup” ou coupe menstruelle, présentée comme une alternative écologique aux tampons classiques, n’est pas plus sûre que les autres protections internes. Au contraire même, car sa mise en place fait entrer davantage d’air dans le vagin… Avec les protections externes, par contre, le risque est proche de zéro”.
Gagnez du temps
Le problème du STC, c’est qu’au départ, ses symptômes sont tout sauf spécifiques. “Généralement, ça commence comme une gastro-entérite, avec des douleurs au ventre, de la fièvre, et des nausées et des vomissements pendant 24 à 48 heures”. Si une femme présente ces manifestations cliniques alors qu’elle porte un tampon ou une cup, la première chose à faire est de retirer la protection menstruelle, puis de consulter en urgence. “L’ennui, c’est qu’un médecin confronté à une femme apparemment atteinte d’une gastro ne pensera peut-être pas à lui demander si elle est réglée ni le type de protection qu’elle utilise”, insiste le Professeur Squifflet. Pour vous-même ou votre fille adolescente, n’attendez donc pas: informez spontanément les soignants. Vous gagnerez un temps précieux, et en cas de choc toxique, le temps gagné peut tout changer!”.
Texte: Marie-Françoise Dispa
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