
Le crudivorisme, une diète dure à cuire
Manger tout cru, c’est tendance. Mais est-ce vraiment intéressant sur le plan nutritionnel? Quelles précautions prendre quand on adopte ce régime? Une spécialiste nous aide à comprendre ce qu’est le crudivorisme, ce qu’on l’on peut faire ou ne pas faire!
On l’appelle “raw food”, alimentation vivante ou encore crudivorisme… Ce régime alimentaire, très populaire aux États-Unis, a déjà séduit de nombreuses stars comme Gwyneth Paltrow ou Demi Moore et même de grands chefs belges et français. Au cœur de cette nouvelle alimentation: les fruits et légumes (consommés avec leur peau, gorgée d’antioxydants), les oléagineux (amandes, sésame, noisettes…), les graines (chia, lin, tournesol, courge…) et graines germées, les céréales, les algues, les légumineuses et les herbes. Le but est de manger des aliments crus pour absorber un maximum de nutriments. “Lorsque le crudivorisme n’est pas associé à un régime végétarien, on peut y trouver de la viande, du poisson, des œufs crus et des produits laitiers non pasteurisés”, ajoute le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste. Râpés, mixés, déshydratés ou lacto-fermentés, les aliments peuvent être légèrement cuits, à condition de ne jamais dépasser plus de 42°C.
D’où vient ce régime?
Les origines de ce régime alimentaire sont lointaines: “Les Esséniens, une secte juive de l’Antiquité, le pratiquaient déjà” note la spécialiste. “Des manuscrits anciens attestent de leur espérance de vie remarquable et la relient à cette alimentation”. Tartare de poisson, ravioles de légumes crus, pizzas à base de pâte déshydratée, ceviche (poisson mariné), tartes aux fruits sans cuisson, chips de chou kale, limonade au chanvre, brownie aux dattes, smoothies… viennent aujourd’hui élargir la palette des modes alimentaires que sont le sans sucre, le sans lactose et le sans gluten. Le crudivorisme rejoint essentiellement les principes du régime “paléo”, selon lequel il faudrait s’alimenter comme les chasseurs-cueilleurs du paléolithique (en tout cas avant la domestication du feu), afin de respecter les besoins physiologiques de l’organisme.
Pourquoi se mettre au crudivorisme?
On le sait, la cuisson au-delà de 60°C détruit en partie certaines vitamines et minéraux intéressants sur le plan nutritionnel. Elle détériore également les enzymes alimentaires, ces protéines présentes dans les matières vivantes qui jouent un rôle important dans la digestion. Manger cru permettrait donc de garder intactes les qualités nutritives des aliments. La plupart des crudivores inscrivent leur choix alimentaire dans une démarche écologique (manger bio et/ou local, de saison) et vantent un meilleur fonctionnement digestif (effet détoxification oblige), un gain d’énergie spectaculaire ainsi qu’une amélioration du sommeil. Pour eux, c’est l’assurance de vivre plus longtemps en meilleure santé!
Est-ce vraiment bon pour la santé?
“En réalité, à part la préservation de certaines vitamines et minéraux, aucun bénéfice supposé n’a pu être démontré de façon scientifique sérieuse”, affirme le Dr Chicheportiche-Ayache. D’après elle, la conservation des enzymes serait un leurre: en pratique, celles-ci sont majoritairement détruites par l’acidité gastrique et n’apportent aucun bénéfice sur la digestion. La cuisson a aussi le grand avantage de détruire les micro-organismes pathogènes et de nous protéger des toxi-infections. Sans compter qu’elle facilite grandement l’assimilation de certains aliments. “C’est le cas pour les tomates notamment, dont la quantité de lycopène, un antioxydant, double après trente minutes de cuisson”, précise la spécialiste. La cuisson ramollit les fibres alimentaires et les rend moins agressives pour les intestins”.
Y a-t-il des risques sur le plan intestinal?
Oui, car la réduction calorique est drastique! Mais le régime est difficile à tenir (notamment en raison du manque de fruits durant l’hiver) et rapidement lassant. “Il est d’autant plus difficile à observer sur la durée qu’il est gênant sur le plan social”, soulève la spécialiste.
À quoi faut-il veiller?
Il faudra revoir les proportions pour être sûre de manger assez. Les crudités étant pleines d’eau, il faut en effet en consommer un gros volume pour être suffisamment rassasié. Un bilan biologique doit par ailleurs être régulièrement réalisé pour vérifier l’absence de carences et supplémenter, si besoin, en vitamine B12, calcium, vitamine D et zinc.
À qui le régime est-il déconseillé?
Aux femmes enceintes ou allaitantes, aux personnes âgées, aux personnes souffrant d’une pathologie chronique, aux immunodéprimés et aux enfants en période de croissance car “leurs besoins nutritionnels spécifiques ne sont pas couverts par ce type de démarche”. Les personnes très sportives peuvent en revanche adopter cette alimentation si elles le souhaitent. À condition toutefois d’en parler au préalable avec un professionnel de la santé.
Vous l’aurez compris, le crudivorisme n’est pas un régime qui convient à tout le monde et les bienfaits ne sont pas aussi intéressants que ce que l’on peut croire. Mais se laisser aller à un bon tartare de poisson, de viande ou à une salade de crudité en été, cela fait toujours plaisir. On a quelques chouettes recettes en stock:
- Raw food: 4 recettes originales
- Cornets de nori aux crudités, vinaigrette thaïe
- Carpaccio de veau avec salade fraîcheur et pâtes au pesto
- Assiette de crudités, sauce aux agrumes
Texte: Ariane Langlois. Coordination: Anne Deflandre
Plus d’infos nutrition
- À quelle fréquence peut-on craquer pour de la malbouffe?
- 22 aliments pour avoir un beau teint hâlé cet été
- Est-ce plus sain de manger bio?
Vous ne voulez rien louper de nos news mode, beauté, déco, voyages? Vous cherchez des conseils psycho, sexo, santé pour être au top en tant que femme et/ou que maman? Suivez-nous sur Facebook et Instagram et inscrivez-vous à notre newsletter.