
Reconversion professionnelle: Anne-Charlotte nous explique pourquoi elle est devenue indépendante
S’il est de coutume de choisir son métier assez jeune, il n’est pas rare que ce choix devienne un poids lourd à porter au fil des années. Certains se retrouvent alors dans le cercle peu vertueux de la démotivation professionnelle.
Ce fardeau, ces femmes que nous avons interviewées ont décidé d’en faire un tremplin pour se reconvertir professionnellement. Aujourd’hui, et malgré un chemin parfois compliqué, elles ont retrouvé le sourire en changeant de voie. Pour ce deuxième portrait, nous vous partageons le chemin d’Anne-Charlotte qui, après avoir travaillé de nombreuses années en tant que salariée, a un jour décidé de créer son job sur mesure et de se lancer en tant qu’indépendante.
De salariée à indépendante, pourquoi Anne-Charlotte a sauté le pas
Anne-Charlotte n’a jamais vraiment remis en cause son choix professionnel. Après des études de journalisme et plus de 10 années à travailler en tant que salariée, la jeune femme a décidé de se lancer en tant que freelance. Un choix osé et rempli de challenges.
“J’ai toujours été passionnée, à la vie comme dans le travail. On peut dire que je n’ai jamais eu peur de rien: partir travailler quelques mois à l’étranger ou encore quitter ma région natale pour vivre une nouvelle vie. À la fin de mes études, et après avoir passé plusieurs mois au Canada, j’ai assez rapidement trouvé du boulot. Je me suis de suite orientée vers le marketing qui, pour moi, était plus ‘porteur’ que le journalisme en tant que tel. J’ai travaillé pendant plusieurs années – près de 12 ans – à Bruxelles, et j’ai pu connaître plusieurs expériences professionnelles très enrichissantes. Ceci dit, l’écriture reste une passion et j’écris dès que je le peux: quelques billets par-ci par-là, que j’envoie à des rédactions. Mais si je suis très investie dans mon travail, je dois bien avouer que j’ai beaucoup de mal avec la hiérarchie et que j’ai tendance à remettre en cause certains mécanismes du monde de l’entreprise qui me semblent obsolètes. Un jour, et après avoir passé plus de 12 ans à Bruxelles, mon mari et moi avons décidé de revenir sur Tournai, la région où nous avons grandi. On avait envie de se poser, de fonder une famille aussi, et cela nous semblait compliqué à Bruxelles”.
De retour dans sa région natale…
Anne-Charlotte quitte donc son emploi pour retrouver très rapidement un job d’attachée de presse sur Mouscron, dans le monde du sport pour un contrat d’un an. Elle vit alors une expérience professionnelle très intense. “Je gère la communication d’un club de foot en division 1 et je suis sur tous les fronts: j’organise les passages télé et radio, je gère leurs réseaux sociaux, je fais moi-même des passages dans les médias… C’est un emploi qui me prend tout mon temps et ma vie. C’est du 7 jours sur 7, du 24 heures sur 24 presque. Parallèlement, si Tournai est la région dans laquelle j’ai grandi, je me rends compte que l’ambiance est assez différente de celle de Bruxelles: j’ai l’impression qu’il n’y a rien à faire ici! Pendant le peu de temps que j’ai de libre, je pars à la recherche de bons plans pour sortir, m’amuser, me balader… et ces bonnes adresses, je les partage sur un blog que j’appelle “Les Bons plans de Charlotte en ville”. Cette page, je la crée parce que je me dis que je ne dois pas être la seule à la recherche de bonnes adresses dans ma région. Gérer ce blog devient une passion, une petite bulle qui me fait beaucoup de bien”.
La fin de son contrat, le tremplin d’Anne-Charlotte
Après une année passée à travailler pour le club de foot de Mouscron, le contrat d’Anne-Charlotte s’arrête comme convenu et c’est pour elle le moment de faire le bilan. “Ce fut une superbe expérience professionnelle, aussi atypique qu’enrichissante, mais assez épuisante, il faut bien l’avouer”. Elle profite de cette fin de mission pour se poser et surtout pour penser à ce qu’elle aimerait faire: “Je réalise que ce qui me fait me lever le matin, c’est d’avoir l’impression de ne pas travailler tout en me donnant à fond. Si j’ai adoré vivre toutes ces expériences professionnelles, je sens que je suis à un tournant de ma vie où je n’ai plus envie d’avoir de chef au-dessus de moi, ni de me sentir obligée de faire ceci ou cela sous prétexte que je suis payée pour le faire. En bref, je veux prendre mes propres décisions, être mon propre patron. Je crée un business modèle où j’inclus tout ce qui me passionne, c’est-à-dire le marketing, les bons plans, l’écriture, la stratégie digitale et, surtout le local! Parce que c’est vraiment ce qui m’anime: sur ma page, j’aime mettre en avant les commerçants et les initiatives de ma région. Très rapidement, je me lance et mon blog devient mon vrai métier. Les premiers mois, je décroche quelques clients qui me font confiance et je développe un business à mon image. Je m’éclate et je me sens tellement à ma place”.
Un bébé et une grosse remise en question
“Mon activité commence à fonctionner et mon mari et moi décidons de faire un bébé dans la foulée. Une décision qui va changer notre vie, puisque notre fils Sacha est né à 5 mois et demi de grossesse. C’est un très grand prématuré qui, on peut le dire, avait très peu de chance de survivre. Il est né avec un peu plus de 600g, ce qui implique un combat de titans qui durera près d’un an. Notre quotidien est bouleversé et tourne autour de lui. Mon activité est mise en pause totale, et je me bats avec mon fils pour qu’il vive: mon mari et moi vivons presque dans le service de néonat’, notre vie est rythmée par les angoisses, les mauvaises nouvelles et les réanimations, les rendez-vous médicaux et les moments difficiles.”
En tant qu’indépendante, la jeune maman n’a plus aucune rentrée financière et elle et son conjoint doivent vivre sur le salaire de ce dernier: “Une situation que j’ai beaucoup de mal à supporter et qui m’oblige à me remettre en question: ‘était-ce une bonne idée de devenir indépendante?’, ‘je devrais peut-être retrouver un emploi de salariée pour garantir le bien-être de notre famille’. Ces questions fusent dans ma tête… Mais je dois vivre au rythme de mon fils qui, après plusieurs mois d’hôpital, doit rester confiné jusqu’à son premier anniversaire. Il est trop faible pour faire face aux virus et aux microbes extérieurs, alors on vit en autarcie pendant de nombreux mois, sans voir personne ou presque, sans sortir, sans bouger de chez nous”.
Anne-Charlotte en profite pour réorienter son business, le repenser, faire des recherches. En 2018, elle reprend son activité, pleine de doutes mais plus motivée que jamais. “J’ai vécu une année si compliquée que depuis, tout me semble facile, ou presque, nous explique-telle. Avoir peur pour son enfant et savoir qu’il a de grandes chances de mourir ou de devenir handicapé, ça vous change et ça vous fait relativiser, croyez-moi! Très vite, je décroche un contrat à mi-temps de consultante freelance dans une entreprise qui travaille dans la presse, et mon activité prend un nouveau tournant. L’autre moitié du temps, je crée des capsules vidéo pour des villes et des régions et je mets en avant les initiatives régionales”.
Anne-Charlotte continue de foncer
Ce petit bout de femme super dynamique continue sur sa lancée et se bat chaque jour pour vivre de sa passion. Le Covid-19 n’a pas entaché sa motivation et elle se donne corps et âme pour mettre en avant les bons plans des régions qu’elle aime et faire évoluer ses offres en marketing. Pour elle, et malgré les difficultés et les injustices que peuvent rencontrer les indépendants, hors de question de retourner à un statut de salarié!
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