Getty Images

La vérité sur les mensonges: les plus courants, ceux des enfants, ceux des adultes…

Qui n’a jamais menti pour minimiser une bêtise? Et les enfants ne sont pas les seuls concernés. Les adultes mentent également. Dans son livre Mensonges, l’auteur Xavier Seron nous livre une synthèse de tout ce que l’on sait sur le sujet.

Escroquerie, infidélité, hypocrisie… Le mensonge est la hantise de toutes! En réalité, les connaissances sur le mensonge sont plutôt rassurantes: nous vivons dans un monde relativement honnête.

Rencontre avec Xavier Seron, auteur de “Mensonges”

Le mensonge est un sujet intéressant, mais encore trop peu étudié. Pour y remédier, Xavier Seron y a consacré 311 pages.

Vous l’affirmez: nous sommes tous des menteurs.

“Oui. Il faut distinguer les mensonges antisociaux (les mensonges égoïstes), relativement rares et davantage le fait d’une toute petite partie de la population et les mensonges prosociaux. Ces derniers, très courants, permettent de ne pas perdre la face, d’éviter le conflit et de renforcer le lien social: accueillir avec le sourire un visiteur que nous aurions préféré ne pas recevoir ce jour-là, dire à une amie qui porte une robe que l’on trouve horrible que sa tenue est ‘assez originale’… Le mensonge prosocial est à la croisée de deux impératifs moraux différents: celui qui met à l’avant-plan l’honnêteté, la confiance dans la parole exprimée et celui qui accentue la bienveillance, le fait d’être attentif au bien-être des autres. Ces mensonges sont généralement jugés plus acceptables moralement”.

Que sait-on de ces mensonges prosociaux?

En réalité, pas grand-chose. C’est une critique qui traverse mon livre: les psychologues et les chercheurs qui ont étudié le mensonge l’ont fait à la demande des médecins, des avocats, des policiers… désireux de savoir si un suspect dit vrai ou faux. Toutes les recherches se concentrent donc sur les mensonges graves. Les petits mensonges de tous les jours, eux, n’ont quasiment pas été étudiés.

Vous parlez aussi des différentes technologies de détection des mensonges (polygraphe, IRM…). Où en est-on aujourd’hui?

Les technologies existent. On est capables de dire aujourd’hui, en analysant l’activation des zones cérébrales au moyen d’un IRM, si des participants à une expérience disent la vérité ou pas. Mais il s’agit là d’expériences encore artificielles avec des étudiants. On ne sait pas si les résultats seront aussi probants avec de vrais suspects. On y arrivera un jour, c’est sûr… Les ingénieurs chinois font de plus en plus de progrès dans la détection des émotions. Mais faut-il le souhaiter? Qui sait ce que ces régimes totalitaires pourraient faire avec de telles technologies.

Les mensonges en quelques chiffres et explications

Pour tout comprendre du mensonge, on vous a fait un petit récapitulatif de tout ce qu’il faut savoir.

Nous mentons en moyenne 1,65 fois par jour

C’est ce qui ressort d’une étude américaine datant de 2010. 1000 personnes étaient invitées à rapporter le nombre de mensonges produits en 24 heures. Mais cette moyenne de 1,65 mensonge par jour est à nuancer, car en réalité 60% des participants ont affirmé n’avoir jamais menti pendant ces 24h, tandis que la moitié du nombre total de mensonges provient de 5% de l’échantillon. Une autre étude réalisée auprès de 3000 Britanniques (et qui arrive à la même conclusion) a également indiqué que les mensonges les plus fréquents sont des mensonges anodins et que la fréquence des mensonges a tendance à diminuer… avec l’âge!

On ment davantage sur internet

Il semble qu’Internet ait ouvert la porte à un nouvel engouement pour le mensonge: les mails notamment qui, plus impersonnels et moins engageant émotionnellement, créent davantage de distance et sont donc plus propices au mensonge. Idem pour les réseaux sociaux, à ceci près que la tendance au mensonge augmente proportionnellement à l’anonymat: plus les internautes risquent d’être reconnus, moins nombreux sont les mensonges. Enfin, un petit mot sur les sites de rencontres, grands spécialistes de “l’approximation”: âge, taille, poids (surtout les femmes!), intentions (surtout les hommes!)… Tout cela est laissé à la libre appréciation des inscrits. Sans parler des photos (plus particulièrement chez les femmes), généralement plus attirantes que la réalité (mais pas trop non plus pour ne pas causer un choc lors de la rencontre!).

Homme et femme mentent autant l’un que l’autre

Les études le prouvent: les hommes et femmes mentent à la même fréquence. Mais tandis que les hommes excellent dans les mensonges égoïstes, les femmes préfèrent les mensonges prosociaux (à visée protectrice). Elles s’y montrent plus douées que les hommes depuis leur plus jeune âge. “L’origine de ces différences n’est pas claire”, explique Xavier Seron. “Plusieurs hypothèses sont en compétition: il est possible que les parents insistent davantage auprès des filles afin qu’elles se montrent polies et arrivent à inhiber leurs expressions émotionnelles négatives. Cette insistance pourrait avoir pour effet qu’elles apprennent plus rapidement à se maîtriser dans les situations exigeant la production de mensonges prosociaux. Il est également possible que les filles soient davantage capables de développer leurs capacités d’inhibition comportementale”. À noter également qu’on trouve plus d’hommes (surtout des jeunes) parmi les menteurs prolifiques (traits psychopathiques plus élevés).

Les enfants commencent à mentir vers 3 ans

Votre enfant vient de faire son premier mensonge (vers 3 ans)? Bravo! C’est qu’il est désormais doté des capacités cognitives ad hoc. “Lorsqu’un tout jeune enfant fait une bêtise en dehors de la vue de ses parents et qu’il leur dit ensuite qu’il n’en est pas le responsable et qu’il accuse en plus son petit frère (la dissimulation d’une transgression est le type de mensonge le plus précoce, ndlr), il accomplit une activité qui implique le déploiement de plusieurs processus cognitifs. Ainsi, il est nécessaire qu’il se dise:

  • Que comme ses parents n’étaient pas présents, ils n’ont pas connaissance de l’auteur de l’événement.
  • Qu’en expliquant que ce n’est pas lui, il va influencer la croyance de ses parents.
  • Que son petit frère est capable de faire des bêtises dont il l’accuse”, précise Xavier Seron.

Nos talents pour détecter les mensonges? Nuls!

Vous avez envie de mentir? Faites-le! Vous ne risquez guère d’être démasquée. Lors d’expérience où l’on doit déterminer si une personne dit la vérité ou pas, les participants ne font guère mieux que le hasard, qu’ils soient simples quidams (même dotés d’une grande intelligence émotionnelle) ou professionnels. Pourquoi? “Nous sommes équipés d’une prédisposition naturelle en faveur de l’honnêteté qui fait que nous n’envisageons pas spontanément la possibilité du mensonge”. Et cette prédisposition n’est pas une faiblesse, loin de là: elle est au contraire fonctionnelle et adaptative. “Nous appartenons à une espèce sociale, et notre survie individuelle et collective implique que nous soyons capables de coordination, de coopération et de communication. Or la communication efficace requiert la présomption d’honnêteté. Si l’on devait se méfier de tous les messages qui nous sont adressés, la communication serait ralentie et inefficace”. Et nous avons raison de le faire: 90% des propos tenus sont vrais.

Il n’y a pas de signe pour détecter un mensonge

On imagine souvent que l’on pourra reconnaître un mensonge aux signes de nervosité de notre interlocuteur: réponses hésitantes, regard fuyant, transpiration… En réalité, des études ont montré que les signes reconnaissables du mensonge tels que nous les imaginons n’ont souvent pas lieu d’être, alors que nous ne tenons pas compte d’autres signes, eux, plus probants. “Les menteurs font moins de gestes, moins de mouvements des mains et des pieds. Ils peuvent présenter un agrandissement de la pupille et un timbre de voix plus aigu, et certains travaux suggèrent aussi qu’ils font des pauses plus longues”, nous apprend le livre Mensonges. Et encore, les études ne sont pas toutes d’accord! Oubliez donc l’idée de prendre un menteur sur le fait: seuls 2% des mensonges sont détectés de cette façon. Les autres le sont plus tard, sur dénonciation d’une autre personne (38%), par une évidence matérielle (23%) ou par des aveux (14%). Votre seul pouvoir pour démasquer un menteur? Mener l’enquête!

Un menteur est intelligent

“Le bon menteur régulier est forcément un peu psychopathe”. Il affiche en effet une tendance à la manipulation, au machiavélisme et à l’absence de culpabilité. Il est également intelligent. “Il en faut de l’intelligence pour arriver à contrôler ses émotions et sa nervosité, être capable d’inventer un scénario qui tienne la route, le réajuster en fonction des réactions de son interlocuteur”. Autre trait du bon menteur: il a une bonne tête! “On a montré que le sentiment de crédibilité qui se dégage de quelqu’un est le paramètre le plus important dans le jugement d’honnêteté que l’on porte”. À côté du menteur machiavélique qui ment pour servir ses intérêts, on trouve aussi le mythomane, qui ment depuis son enfance (à cause, peut-être, d’un événement traumatique) sans raison particulière (ou alors pour créer un moi plus valorisant à travers des histoires dont il est le héros). “Il s’agit plus dans ce cas d’une addiction au mensonge; ils sont vite démasqués, car leurs histoires sont extravagantes”.

Bon à savoir

La chercheuse Sophie van der Zee de l’Université Erasmus de Rotterdam affirme que l’on ment davantage aux étrangers qu’aux proches. Les mensonges émis envers un proche sont généralement des mensonges altruistes. Comme par exemple: “Je suis en route” ou encore “j’arrive”. Ce sont les mensonges les plus répandus.

Et pour essayer de démasquer un menteur, faites-lui raconter son récit en sens inverse! Le besoin accru de concentration fera qu’il donnera moins de détails auditifs, présentera plus d’hésitation verbales et parlera plus lentement… Vous êtes donc prévenue et pouvez devenir de vraie enquêtrice!

Pour aller plus loin: Xavier Seron, Mensonges! Une nouvelle approche psychologiques et neuroscientifique, Odile Jacob.

Lisez aussi ces trois articles qui parlent de mensonges

Pour être au courant de toutes nos astuces modebeautéjardinmaisonparentalitécuisine et l’actualité, suivez-nous sur notre page Facebook, notre compte Instagram et Pinterest, et inscrivez-vous à notre newsletter.

Contenu des partenaires

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.