
Défi psycho testé pour vous: j’envoie bouler les contraintes!!
Trop de pressions, trop d’impératifs, trop de culpabilité… Et si j’essayais de bousculer mes habitudes pour voir si je ne me sens mieux? C'est la "libre attitude" que prônent plusieurs bouquins sortis récemment.
Pas à pas
"Combien de fois avons-nous frôlé le trop-plein et eu envie de fuir sur une île lointaine, loin de tout ce qui nous encombre?" Etre une mère exemplaire, assurer dans son boulot, être sublime en toutes circonstances, avoir une maison qui pourrait figurer dans un magazine de déco, être une bonne amie, une fille modèle, une amante sensationnelle…
Le défi de la semaine: dire stop aux contraintes qui nous plombent inutilement. Mais une liberté n’est pas l’autre. Une petite escapade intérieure sera nécessaire pour déterminer les problèmes et chercher des solutions. Gardez juste en tête que les dés sont pipés: une grande partie des contraintes que vous vous imposez ne sont qu’une illusion, vous pouvez les faire disparaître.
Plusieurs ouvrages sympas parus sur le sujet peuvent nous aider
10 conseils inspirants
• Dressez une liste pour identifier les contraintes qui vous encombrent et faites le tri entre l'indispensable et (tout) le reste. Qu'est-ce qui vous oppresse et pourrait être contourné?
• Réévaluez en cours de route. Etes-vous sûre qu'il est "impossible de faire autrement" que de déposer le petit au judo / de bosser dix heures par jour / de nettoyer les vitres tous les dimanches à 7 h?
• Dessinez le portrait d'une femme/mère/sœur/copine/employée idéale. Ne vous basez pas sur ce que semble vouloir votre entourage ou la pression sociale, pensez juste à ce qui est essentiel pour vous et basez vos jugements futurs sur cette liste.
• Misez sur l'(entre)aide. Déléguez, mutualisez les moyens.
• Ne remplacez pas une contrainte par une autre. Vous avez réussi à vous dégager une heure de temps libre le mercredi après-midi? Félicitations! Déballez-la comme un cadeau chaque semaine, n'inventez pas un nouvel "impératif" épuisant.
• Apprenez à dire non, sans agressivité, ni culpabilité. Votre ressenti compte et vous n'en serez pas moins "aimable", moins aimée pour autant.
• Acceptez vos singularités. Vous n'avez pas la même conception du ménage/de l'éducation/du travail que votre voisine et votre mère? Quelle bonne nouvelle!
• Faites le point sur votre utilisation des réseaux sociaux et de votre smartphone. Quelle place ont-ils pris dans votre vie? Si vous les trouvez un rien envahissants, imposez-vous des limites. C'est bizarre au début mais ça devient vite agréable.
• Analysez votre entourage. Est-ce que certaines personnes vous dévalorisent, vous culpabilisent et vous poussent à agir en contradiction avec ce que vous êtes? Mesurez l'étendue des manipulations et parlez-en, à une amie proche, à un professionnel.
• Ce n'est pas parce que les livres de développement personnel sont en plein boom que vous devez vous imposer la "bonheur attitude" à tout prix. Ne renoncez pas au relief de votre vie et si vous trouvez exaltantes des tâches que le reste de l'univers trouvent insupportables, savourez-les.
Témoignage: "J'ai testé la libre attitude"
Le tableau J’ai la trentaine, pas d’enfant, pas de chiwawa, pas même de plante à arroser. Niveau de responsabilités très réduit. Grâce à la criante inégalité des sexes, je pourrais difficilement me soucier moins des taches ménagères puisque mon compagnon en assume une grande partie. J’ai de plus le super pouvoir de ne pas «voir» le désordre. Pas de pression de ce côté-là non plus. Elle est pas belle ma vie? Pourtant, il m’arrive régulièrement d’avoir ces instants cocotte minute où j’ai l’impression qu’un truc à l’intérieur de moi hurle en se roulant par terre.
Auto-diagnostic Je crois que je fais une overdose de "oui". Les mauvais "oui", ceux qu’on prononce parce qu’on se sent coincé alors que le cerveau suggère très très fort qu’il vaudrait mieux dire "non". Le problème avec ces "oui"-là, c’est que par ricochet, ils poussent à dire beaucoup trop de "non": «Non, le ciné ça ne va pas être possible, j’ai accepté trop de boulot», «Non, je ne vais pas prendre le temps d’aller au pilates cette semaine puisque je dois aider Machine»…
Passage à l’action On ne peut pas, du jour au lendemain, se décharger de tous les fardeaux inutiles. Tout d’abord parce qu’il est difficile de les identifier. «Si j’ai envie de décliner cette proposition de balade un dimanche après-midi, est-ce parce que je suis flemmarde ou parce que je serais vraiment mieux à la maison devant une série?» Ensuite, je me suis retrouvée face à des interlocuteurs un peu inquiets: «Comment ça, non? Tu ne vas pas bien? J’ai fait quelque chose de mal?» Car mon truc à moi, c’est de dire "oui", m’adapter, essayer d’être disponible pour les autres; c’est une part de ce que je suis. C’est du moins l’image de moi que j’ai construite, ma manière de gérer un manque de confiance. Ce nœud de problème ne se règlera pas en un claquement de doigts mais le fait de l’identifier est toujours une part de la solution.
J’ai donc décidé d’adopter une approche indulgente et d’essayer de faire chaque jour un petit quelque chose: laisser le téléphone de côté après 19 h, décliner une proposition de boulot pour m’éviter des journées à rallonge, ne pas répondre à chaque mail dans la seconde (et réaliser qu’au moins une fois sur trois, les gens réglaient du coup leurs problèmes comme des grands), lire un bouquin plutôt que d’aller à une soirée pas excitante… En fait, en disant "non" aux autres, j’ai réalisé que je me disais "oui" à moi-même. Et dire "oui", ça, je sais faire!
Mais qu’est-ce que la «libre attitude»?
Réponses de Pascale Chapaux-Morelli, psychologue, auteure de Osons la libre attitude (Flammarion)
"C'est une façon de se démarquer des dictats du collectif. L'individu est dans l'obligation de s'adapter aux nécessités du collectif mais il a aussi besoin d'avoir une part d'individualité qui lui permet de dévoiler sa personnalité."
Vous dites qu’être libre, c’est «choisir ses ennuis»…
Lorsque l'individu choisit, il se sent déjà plus libre, cela lui permet de dévoiler sa créativité qui n'est pas uniquement artistique. Inventer sa vie, c'est choisir de nouvelles options, trouver de nouvelles voies.
Comment gérer la culpabilité que l’on ressent parfois en disant non?
Tout ça est lié à la dépendance affective qui ne se déploie pas seulement dans les relations sentimentales mais affecte tous les secteurs du quotidien. C’est le fait d’avoir besoin de l'approbation de l'autre quand on a tellement une estime de soi vacillante que l'on ne s'autorise pas à se valider soi-même. L’avis des autres peut être important mais il ne doit pas être déterminant dans chaque situation. Il faut donc apprendre à être bien avec soi-même.
Existe-t-il une bonne manière de dire «non»?
Oui, ce n’est pas facile mais ça s’apprend. Il faut le faire quand c’est nécessaire et au bon moment. Ne pas dire "non" contre tout et tout le monde. Il faut établir une frontière entre soi et l'autre, se protéger, sans agressivité, sans enclencher un contentieux relationnel avec l'autre, de façon posée.
Quel serait le mode d’emploi de la liberté?
Se libérer ne doit pas devenir une contrainte. Chaque personne a des ressources, mais elles sont toutes différentes. Il faut veiller justement à ne pas prendre modèle sur quelqu'un d'autre car, si les ressources dont différentes, ça va entrainer encore plus de souffrances. Il faut commencer par un moment d'introspection, réfléchir entre soi et soi et envisager que le fait de faire quelque chose d'une autre façon pourrait apporter un plus. Et il faut aussi accepter que ça puisse ne pas marcher du premier coup, ne surtout pas se sentir coupable.