Décoder les émotions, ça s’apprend!

Votre filleul de 10 ans, Julien, a beau vous remercier pour le livre que vous lui avez offert, vous devinez une pointe de déception sur son visage. Et lorsqu’en saluant le travail de votre mère pour le repas de Noël, vous décelez de la colère dans son «Avec plaisir», vous vous dites que vous auriez peut-être davantage dû mettre la main à la pâte. Et quand vous voyez que votre petite sœur se décompose à l’évocation de son dernier fiancé, vous sentez que le terrain est glissant et qu’une bonne séance de confidence sera peut-être utile.
Le visage (et la voix) est directement connecté aux zones du cerveau qui gèrent les émotions. Résultat: une émotion, et hop, les muscles faciaux commencent à réagir involontairement. Et ce, de la même manière partout dans le monde (en tout cas pour les émotions de base). Même pas besoin de les apprendre: dès tout petit, nous disposons du répertoire (presque) complet.

Hommes et femmes à égalité

Par contre, reconnaître les émotions chez les autres n’est pas une compétence innée. «Cette compétence s’acquiert progressivement au cours des premières années et n’est pleinement maîtrisée qu’à l’adolescence», explique Pierre Philippot, professeur de psychologie clinique à l’UCL et président de l’Institut de recherche en Sciences psychologique. «Et comme pour tout apprentissage, certains sont plus doués que d’autres: ceux qui ont plus de compétences sociales, et donc plus d’amis, certaines professions comme les psychologues ou les douaniers. On a longtemps cru que les femmes étaient meilleures que les hommes, mais sur le terrain, il s’avère que les deux sexes sont à égalité.» A contrario, certains sont moins doués: c’est parfois le cas des dépressifs, des alcooliques, des phobiques ou des schizophrènes, qui interprètent erronément les émotions d’autrui.

Bonne nouvelle: cette capacité peut s’améliorer à tout âge. Soit en s’exerçant avec les gens qui nous entourent, soit en recourant à des programmes d’apprentissage, tel que FaceTales, créé par Pierre Philippot (cf plus bas). Car identifier les expressions faciales des émotions est de la plus haute importance dans les relations humaines. «Cela permet d’avoir une perception plus fine de ce que l’autre ressent, de s’ajuster à lui, de faire preuve d’empathie. En définitive, de mieux communiquer avec lui», note Pierre Philippot. Reprenons l’exemple de votre petite sœur: en lisant l’émotion sur son visage à l’évocation de son fiancé, vous saurez faire preuve de délicatesse en abandonnant le sujet ou en y revenant plus tard. En persévérant, vous risqueriez d’accentuer sa tristesse et, peut-être, de provoquer une crise de larmes.

Exercez-vous grâce à FaceTales

FaceTales est un programme de formation destiné à améliorer les capacités de décodage d’expressions faciales. Il a été conçu conjointement par l’UCL et l’Université d’Edimbourg et vient d’obtenir le prix international Wernaers pour la recherche et la diffusion des connaissances.
Une fois téléchargé sur votre ordinateur (Mac et PC), il vous présente différentes photos et vous demande de reconnaître l’émotion exprimée. Le temps de réponse est de plus en plus court, tandis que les expressions sont de moins en moins accentuées. Chaque exercice réussi vous permet de passer au niveau supérieur.

A titre d’exemple, voici un petit exercice à faire chez vous. Reconnaissez-vous ces émotions?

Retrouvez la suite de cet article dans votre Femmes d’Aujourd’hui du 15 décembre 2011.

Extrait vidéo: Lie to Me:

Réponses: 1.colère 2. Dégoût 3.Peur 4.Honte 5.Tristesse 6. Joie