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Coronavirus: “J’ai décidé de ne pas respecter la bulle de 1”

Par Tatiana Czerepaniak

Si certains citoyens arrivent à suivre parfaitement les restrictions imposées par le gouvernement depuis que le coronavirus a débarqué dans nos vies, pour d’autres, ce manque de vie sociale est tout bonnement impossible à vivre. Ils ont donc décidé de ne pas obtempérer.

Cela fait de longs mois que nous vivons sous le joug de restrictions, dans le but de limiter la propagation du coronavirus. Des mesures qui ont drastiquement restreint notre vie sociale, nous obligeant à vivre quasi reclus. Une situation qui impacte clairement la santé mentale de nombre de citoyens: le Centre de prévention du suicide affirme que les Belges ont davantage les idées noires et que les appels ne cessent d’augmenter. Beaucoup de nos concitoyens ont d’ailleurs décidé de ne pas suivre “la bulle de 1” afin de de préserver leur bien-être. C’est le cas de Solène.

“Si je suis les règles à la lettre, je suis totalement seule”

Maman solo et en télétravail depuis le mois de mars, Solène ne voit plus ses collègues qu’en téléconférence ou lors de trop rares réunions en présentiel. Elle ne voit plus non plus sa bande d’amis. Au début du premier confinement, elle avait bien tenté de suivre les restrictions à la lettre. Mais un sentiment de grande solitude l’avait alors envahi. Une solitude qui, selon elle, a bien failli avoir raison de sa santé mentale. “En tant que maman solo, je vis déjà de manière assez solitaire, puisque j’élève seule ma fille. Avant le confinement, j’arrivais à trouver un équilibre en discutant avec mes collègues, en allant boire un verre avec mes copines quand ma petite était chez son papa un week-end sur deux, en invitant des gens à la maison, en allant à mon cours de Pilates, etc. Je ne m’en rendais pas compte, mais tous ces extras jouaient un vrai rôle ressourçant dans ma vie de mère célibataire, et je me sentais alignée… Jusqu’à ce qu’on parle du Covid-19”.

Lorsque le premier confinement a été annoncé, Solène s’est retrouvée totalement seule à tout gérer de front, sans avoir la possibilité de souffler une seule minute. Et elle a commencé à broyer du noir. “Au bout de quatre semaines, je commençais clairement à déprimer. J’aime ma fille plus que tout, mais il était vraiment difficile pour moi de ne vivre qu’avec elle, sans partager quoi que ce soit avec un autre adulte. C’est là que j’ai commencé à outrepasser les règles imposées en ce qui concerne les bulles sociales: j’ai été boire un café chez ma meilleure amie et son conjoint, même si cela nous était totalement interdit. Et ça m’a fait tellement de bien que je me suis dit que je ne pouvais juste pas vivre confinée”.

Ses propres règles et un calcul de risques

Après cette première expérience, Solène a continué à voir son couple d’amis de temps en temps, ainsi que sa sœur cadette et ses parents. “De son côté, ma maman déprimait beaucoup elle aussi de ne pas pouvoir voir ses filles et sa petite fille. Ma sœur et moi avons longuement discuté de la situation, des risques et des problèmes que nous avions face à nous, et nous avons décidé d’aller voir nos parents malgré l’interdiction en vigueur. Ma sœur télétravaille elle aussi, et mes parents sont pensionnés depuis peu et font très attention depuis l’épidémie. Comme on voit donc tous peu de gens ‘extérieurs’, on s’est dit que même si les risques de contamination étaient présents, ils étaient tout de même moins importants dans notre bulle que si on travaillait à l’extérieur, ou si on prenait les transports en commun chaque jour pour aller bosser! Alors oui, on a commencé à se revoir avant que cela soit autorisé par le Conseil National de Sécurité. On a malgré tout fait attention: on évite les bisous, on se désinfecte les mains avant d’entrer et en partant, je lave moi-même ma tasse quand je repars de chez eux, mais nous voir était juste essentiel à notre santé mentale à tous et toutes”.

Lorsque les mesures se sont assouplies, la jeune maman n’a, à l’inverse, pas souhaité augmenter le nombre de contacts et s’en est tenue à voir ses parents, sa sœur et sa meilleure amie, ainsi que les conjoints de celles-ci. “Si ce n’est l’une ou l’autre exception pendant l’été – un resto avec une copine que je n’avais pas vu depuis longtemps et un verre avec un homme rencontré sur Tinder – je n’ai pas profité de l’assouplissement des restrictions pour voir un tas de monde: j’ai continué à voir mon amie et son compagnon, ma sœur, mon beau-frère et mes parents. En fait, le plus difficile à vivre pour moi, c’est l’absence totale de contacts humains, mais j’ai malgré tout conscience que nous sommes dans une période de pandémie et je ne fais donc pas n’importe quoi. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas repris totalement ma vie d’avant cet été: je ne suis pas partie à l’étranger, j’ai passé juste quelques jours à la mer du Nord avec ma fille et mes parents. Je n’ai pas non plus multiplié les contacts sociaux et j’avais gardé le télétravail 3 jours par semaine, avant que l’on repasse au télétravail à temps plein en novembre. Mais rien qu’avec ça, je revivais vraiment, et ma vie était déjà plus légère”.

Des mesures trop difficiles à suivre émotionnellement

Lorsque fin octobre, les chiffres de contamination ont recommencé à remonter, il était clair pour la jeune femme qu’elle ne respecterait pas les restrictions, quelles qu’elles soient. “Comme lors du premier confinement, je m’en suis tenue à ‘ma bulle’, ni plus, ni moins. Je sais que cela peut paraître irresponsable pour certains, mais il est hors de question que je me retrouve au 36ème dessous au niveau de ma santé mentale. J’élève presque seule ma fille, j’ai la responsabilité de son bien-être et aussi du mien. Et si je souhaite que ma fille aille bien, moi aussi je dois aller bien… Alors oui, j’ai continué à voir des gens malgré la diminution de la bulle sociale, mais toujours les mêmes”.

Pour la jeune femme, les mesures sont bien trop difficiles à suivre du point de vue humain et émotionnel: “Je crois qu’on n’imagine pas encore à quel point cet isolement, couplé à la fin de nos petits plaisirs (sorties, sport) ont un impact sur notre moral et notre santé mentale… Autour de moi, de plus en plus de gens ont du mal à se sentir heureux ou même motivés à l’idée de se lever le matin. Mes collègues tombent comme des mouches et finissent en épuisement, burn-out ou autre”. Le couvre-feu n’est pas un souci pour Solène: “Je prévois toujours un petit sac avec des vêtements de rechange pour moi et ma fille et des produits de soin. S’il s’avère que l’on termine trop tard un repas chez mon amie, mes parents ou ma sœur, je dors simplement sur place… Impossible pour moi de me contenter de ne voir qu’une seule personne. J’ai besoin de voir plusieurs adultes, mais aussi de me faire ‘aider’ de temps en temps dans ma vie de mère célibataire”.

Les parents manquent de moments pour se ressourcer

Ce qui semble clair, c’est que les parents trinquent particulièrement pendant cette crise sanitaire: davantage stressés par la situation, ils ont moins accès à des moments pour souffler et se ressourcer. “Mes moments avec mes copines, mon sport et mes petites sorties étaient primordiaux pour mon équilibre. Aujourd’hui, on n’a plus accès à toutes ces choses. Pour certaines personnes, cela peut s’apparenter à du luxe, mais c’est en vérité essentiel pour l’équilibre émotionnel des parents. Alors imaginer de ne plus avoir de contacts sociaux, c’est inconcevable pour moi. J’ai besoin d’aller voir mon amie pour que l’on papote de tout et de rien, de voir ma sœur et de me confier à elle, de passer du temps avec mes parents. Ce genre de contacts sociaux est vital pour moi, et pour la plupart des parents, qu’ils soient solos ou pas d’ailleurs”.

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