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Étincelle, l’ASBL qui vient en aide aux enfants dont les parents souffrent psychologiquement

Par Tatiana Czerepaniak
Dépression, bipolarité, burn-out, troubles anxieux, TOC... Entre 2013 et 2016, plus d’un tiers de la population souffrait de mal-être psychologique léger ou plus important, soit 35%. Des adultes qui sont pour certains parents.

Laure Hosselet et Carole Cocriamont travaillent depuis de nombreuses années dans le secteur de la santé mentale et viennent en aide aux adultes souffrants de troubles psychiatriques. Avec leur sensibilité de femmes et de mères, elles ont remarqué que peu de choses étaient mises en place afin d’aider et d’écouter les enfants de ces personnes en souffrance psychologique. Ensemble, elle ont créées “Étincelle”, une ASBL qui vise à reconnaître ces enfants dans leurs difficultés, mais aussi et surtout à les aider en abordant la maladie de son parent. Un service presque gratuit, puisque les jeunes femmes ne demandent qu’une participation de 2€ par séance. Nous les avons rencontrées afin qu’elles nous en disent plus sur leur mission.

Aider les enfants à mettre des mots sur la souffrance psychologique de leur(s) parent(s)

“Nous travaillons dans un IHP (un institut d’habitations protégées), pour les personnes qui vont assez bien (ou mieux) pour ne pas être hospitalisées en psychiatrie mais pas encore assez pour retourner à la maison. Certaines de ces personnes sont parents et nous avons remarqué que si on prend de plus en plus en compte la structure familiale, rares sont ceux qui s’attardent sur les enfants et la manière dont ils vivent cette situation.

Et pourtant, derrière un parent en souffrance psychologique, c’est toute une famille qui est bouleversée et des enfants qui ne comprennent pas toujours ce qu’il se passe. D’autant plus que les maladies mentales sont encore très stigmatisées et sont cachées dans certaines familles. Mais comment les petits peuvent-ils gérer tout cela si rien n’est dit? C’est la raison pour laquelle nous avons créé Étincelle. Pour donner la parole aux enfants”.

Qu’entend-t-on par souffrance psychologique?

“On croit, à tord, que les personnes qui souffrent psychologiquement sont celles qui ont des maladies telles que la bipolarité ou la schizophrénie. Mais être en souffrance psychologique peut s’apparenter à une dépression, être en burn-out, avoir une addiction, se sentir mal dans sa peau ou être en perte de repères suite à un décès, un divorce ou la perte d’un emploi par exemple. C’est important d’expliquer cela afin de comprendre que souffrir psychologiquement n’a pas forcément avoir avec une maladie mentale et peut tout à fait être temporaire. Et lorsque la personne en souffrance est parent, les enfants sont aussi impactés, qu’on le veuille ou non”.

Comment venez-vous en aide aux enfants pris dans la tourmente de la souffrance mentale d’un parent?

Notre rôle premier est de lever le voile parfois opaque sur la souffrance psychologique dont sont victimes le ou les parents. De mettre des mots pour que l’enfant comprenne ce qu’il se passe, avec des termes qu’il sera en mesure de comprendre. Si c’est une manière de déstigmatiser la situation, c’est surtout un premier point d’ancrage pour les enfants. Mettre des mots permet de sortir de la confusion et de poser les choses telles qu’elles sont, et c’est un premier travail primordial.

Ensuite, on tente d’être l’oreille qui peut écouter la manière dont les enfants vivent la situation. On les soutient dans l’expression des leurs sentiments et des émotions qui les traversent. Et dans ce type de situation, ils peuvent passer par beaucoup d’émotions: honte, culpabilité, colère, tristesse, peur de la séparation… Notre but est alors de leur permettre de transformer cela en leur offrant un regard et un discours soutenant.

On aide aussi les enfants à se positionner face à tout cela et à mettre en place des outils pour qu’ils aillent bien. On les aide à baliser leur propre chemin et à trouver des personnes ressources chez les autres membres de leur famille, des personnes proches d’eux et en qui ils peuvent avoir confiance. Pour y arriver, nous proposons trois services:

  • Des entretiens individuels
  • Des groupes de paroles
  • Des thérapies familiales

On anime aussi l’espace “enfants et parents” au sein de l’hôpital Saint Bernard de Manage, sous la tutelle du docteur Frédérique Vanleuven qui est une précurseure dans le milieu. Lorsqu’un parent est hospitalisé en psychiatrie, il y a d’office séparation avec son enfant. Notre objectif durant ces rencontres entre l’enfant et le parent est alors de mettre de la présence dans l’absence et de baliser la vie du petit sans son parent.

On va aussi dans les écoles et dans les structures qui travaillent avec les enfants afin de les informer et de donner quelques outils pour aider les enfants qui vivent avec un adulte en souffrance psychologique.

Comment reconnaître un enfant en souffrance et comment l’aider?

Chaque enfant va exprimer son mal-être différemment et selon sa personnalité. Mais souvent, il a un comportement différent que ce qu’il est habituellement. Il peut être plus agité ou au contraire plus en retrait. Il peut être triste, en colère, être fâché, avoir un sentiment d’injustice par rapport à ce qui arrive, ou penser que c’est de sa faute.

Lorsque l’on est face à un enfant qui souffre des soucis psychologiques de son ou ses parents, la meilleure chose à faire est de lui donner l’occasion de s’exprimer. On peut poser quelques questions, du genre “Tu as remarqué que papa avait l’air triste? Comment te sens-tu toi, par rapport à tout ça?”. Cela permettra à l’enfant de savoir qu’il a la possibilité de s’exprimer librement avec vous, que vous avez vu ce qu’il se passe.

Attention cependant, il est important de rester à sa place et de ne pas empiéter ou rentrer dans le système familial, qui est déjà déséquilibré à ce moment-là. Il faut donc garder en tête les valeurs de respect et de bienveillance et s’impliquer en tant que personne à qui on peut parler librement, mais sans faire n’importe quoi. Il ne faut pas oublier une chose importante: un parent en souffrance psychologique reste un parent avant tout.

Ces enfants seront un jour des adultes. Y a-t-il des risques qu’ils souffrent eux aussi des mêmes troubles que leur(s) parent(s)?

Être l’enfant d’un parent ayant des troubles mentaux ne veut pas forcément dire que l’on aura soi-même des troubles. Ceci étant dit, les recherches ne sont pas encore suffisantes pour dire si les maladies mentales sont héréditaires ou pas. Mais nous avons l’intime conviction que si on explique les choses et que l’on utilise les mots justes, les enfants pourront être mieux armés face à leur futur, quel qu’il soit.

On a le sentiment qu’en éduquant l’enfant et en lui donnant les ressources nécessaires, il aura à sa disposition les ressources nécessaires pour se construire en tant qu’enfant mais aussi en tant qu’adulte.

Vous souhaitez aider cette ASBL?

Vous souhaitez soutenir l’ASBL de Laure et Carole et le fabuleux travail qu’elles entreprennent chaque jour? Vous pouvez faire plusieurs choses pour les aider, surtout si vous travailler dans le secteur de la santé, de l’enfance ou que vous connaissez des personnes dans ce milieu (médecins, psychologues…):

  • En parler: à des professionnels, dans l’école de vos enfants, si vous travaillez dans les médias…
  • Si vous travaillez dans le secteur de l’éducation, de l’enfance ou de la santé: vous pouvez inviter Laure et Carole à parler de leur travail au sein de l’ASBLÉtincelle.
  • Faire un don financier: afin qu’elle puisse couvrir leurs frais et aider davantage d’enfants.

Plus d’infos concernant cette ASBL via le site Internet d’Étincelle.

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