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Journée des Droits des Femmes: une application pour aider les personnes souffrant de troubles alimentaires

8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes et pour l’occasion, les entrepreneuses sociales sont à l’honneur.

Le saviez-vous? 45% des entrepreneurs sociaux dans le monde sont des femmes – une proportion bien plus élevée que dans l’entrepreneuriat «classique» (33%). Des entrepreneuses sociales qui pensent que l’entreprise ne doit pas se limiter à générer des profits, mais peut être un levier pour changer les choses. A l’occasion de la Journée de la Femme, découvrez le portrait de 21 d’entre elles aux 4 coins du monde, grâce à l’opération Women in Businesses For Good à laquelle Femmes d’Aujourd’hui, ainsi que 20 autres médias internationaux, participe.

Comment une application peut-elle aider les personnes souffrant de troubles alimentaires et leurs parents?

Surmonter un trouble alimentaire nécessite souvent des années de lutte. Après l’avoir vécu elle-même, Ekaterina Karabasheva espère, avec l’aide de deux applications, aider les personnes atteintes de tels troubles ou risquant de l’être.

Tout commence lorsqu’ Ekaterina a 16 ans. Elle laisse d’abord un peu de nourriture sur son assiette. Puis elle supprime le beurre, se tient à distance des sucreries et évite toute boisson calorique. Au fil du temps, le nombre d’aliments exclus augmente, jusqu’à ce qu’elle puisse à peine se résoudre à manger une pomme sans se sentir coupable.

Ekaterina Karabasheva a toujours été une fille parfaite : gentille, travaillant bien à l’école et réussissant tout ce qu’elle entreprend. Pourtant, lorsque cette Bulgare d’origine se met en tête d’avoir « la ligne parfaite », elle sombre dans l’anorexie pendant cinq ans.

Des centaines de milliers de personnes souffrent d’un trouble alimentaire

En Allemagne, la vie de plusieurs centaines de milliers de personnes est conditionnée par un trouble alimentaire. Selon l’Office fédéral de l’éducation à la santé, sur la seule base des cas enregistrés, environ 1,5 % des femmes et seulement 0,5 % des hommes sont concernés.

Compter les calories, se priver de nourriture, s’affamer, être obsédé par la nourriture, se sentir coupable, se détester soi-même, faire trop d’exercice, faire des excès, prendre des laxatifs, vomir… Pour la plupart des personnes atteintes, le quotidien tout entier est à la merci de la maladie. Beaucoup d’entre elles s’éloignent de leurs amis et de leur famille pour éviter l’embarras de manger en leur compagnie. Les malades peuvent ainsi perdre des années de leur vie.

Ekaterina s’est rendu compte assez vite que l’anorexie ne résoudrait pas son manque d’estime de soi. À 19 ans, elle fait des premières tentatives pour vaincre son trouble alimentaire. Aujourd’hui, huit ans plus tard, elle a repris le contrôle de sa vie et terminé ses études. Elle est récemment devenue mère et s’est engagée dans des projets qui, espère-t-elle, lui permettront d’aider les autres.

Les victimes documentent leur lutte sur Instagram

Des personnes atteintes partagent leurs batailles sur Instagram sous #edrecovery (ED pour eating disorder, trouble alimentaire). Ce hashtag compte déjà plus de 3 millions de posts, principalement des photos : une assiette de nouilles, des toasts, un cornet de Ben & Jerry’s, des crêpes au Nutella, une omelette, des tacos, du muesli. Pour les personnes exemptes de troubles, la lutte a l’air de ne pas être du gâteau – littéralement !

Au début de ce processus de rétablissement, chaque repas est une bataille. Voyez la légende ajoutée par @kams_recovery sous une photo de sa glace : « Victoire ! La première fois depuis plus d’un an que je mange de la glace sans me purger ! »

Ce post, comme des millions d’autres sur Instagram, est un élément populaire et fondamental d’une approche comportementale du traitement : tenir un journal alimentaire. Pendant des mois, Ekaterina documente chaque repas avalé. Elle tient le registre non seulement de ce qu’elle mange, mais aussi de ce qu’elle éprouve. Se sent-elle comme une perdante d’avoir mangé un petit pain ? Ou bien sereine à l’idée de nourrir son corps ? C’est très important, parce que cela permet à Ekaterina de découvrir les liens qui s’étaient établis au fil des ans entre le fait de s’alimenter et les émotions négatives pour, au final, les dissiper.

L’idée d’une application nait de son propre rétablissement

Pour rédiger son journal alimentaire, Ekaterina se trouve confrontée à un problème : serait-elle à l’aise pour sortir un bloc-notes à l’université, à la cantine ou dans un café et d’y noter ses sentiments à la vue des autres ? Délicat. Bien souvent, elle ne documente donc ses repas que plus tard dans la soirée, alors qu’elle a depuis longtemps oublié ce qu’elle avait ressenti sur le moment.

Instagram offre une bonne alternative. Les foodies blogueurs prennent des photos de leur nourriture et les commentent brièvement, de sorte que la tenue d’un journal alimentaire s’intègre discrètement à leur vie quotidienne. Mais que se passe-t-il si les personnes qui souffrent ne veulent pas en parler publiquement ? Et si quelqu’un qui n’est pas au courant voit une des images, écrit un commentaire stupide en dessous (« Wow, cette glace est énorme ! ») et perturbe le malade ?

Ekaterina développe donc une solution idéale, combinant le meilleur d’Instagram et d’un carnet A4 : l’application Jourvie. À l’aide de leur téléphone portable, les « guerriers du rétablissement » peuvent facilement documenter leurs repas, y compris le contexte et l’état émotionnel, sauvegarder le tout et en discuter avec leurs thérapeutes si nécessaire. Des photos peuvent également être ajoutées. L’application est gratuite : la motivation d’Ekaterina n’est pas commerciale.

« Pour moi, il était important de transformer mon expérience négative de cette maladie en quelque chose de positif, de donner aux malades les outils pour surmonter leur condition », déclare Ekaterina, qui est aujourd’hui âgée de 27 ans.

Une application aide à prévenir l’apparition des troubles

L’année dernière, en collaboration avec AOK Nordost, Ekaterina développe et lance Elamie. Cette seconde application est conçue pour aider les parents et les pédiatres à détecter les signes qu’une personne est à risque de développer un trouble alimentaire. Certains traits de personnalité – comme le perfectionnisme d’Ekaterina – peuvent indiquer un potentiel manque d’estime de soi ou un trouble alimentaire.

Les parents utilisent l’application pour documenter le comportement de leur enfant pendant une semaine, selon des critères spécifiques. Ces données permettent aux médecins de déterminer si un enfant doit être mis sous observation ou recevoir un traitement. « Nous sommes heureux de pouvoir collaborer avec AOK Nordost et les médecins pour promouvoir la détection précoce des troubles alimentaires. Nous sommes plus forts ensemble ! »

Les troubles de l’alimentation nous concernent tous

Bien que chaque trouble alimentaire soit complexe et hautement personnel, il existe dans notre société des facteurs qui tendent à le favoriser. Il peut s’agir des mannequins minces, de taille zéro, que les médias considèrent depuis des décennies comme un idéal esthétique, de la pression économique exercée pour réaliser des performances, ou encore de la part croissante de photos retouchées sur les médias sociaux, le tout combiné à une tendance croissante à l’isolement. La surabondance de l’offre alimentaire présente également un terrain propice au développement des troubles alimentaires. C’est pourquoi il incombe à la société d’aider à combattre ces troubles. Nous pouvons le faire en nous assurant que nous n’excluons pas les personnes qui souffrent, et en démontrant qu’au contraire nous les respectons et croyons en elles. Aucune personne atteinte n’est une cause perdue. Tout le monde peut gagner la bataille, comme Ekaterina.

http://www.jourvie.com/en

Texte: Susanne Schumann pour Brigitte

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