Lídia Onde

Journée des Droits des Femmes: Reconstruire des vies et des entreprises dans un pays marqué par la guerre

8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes et pour l’occasion, les entrepreneuses sociales sont à l’honneur.

Le saviez-vous? 45% des entrepreneurs sociaux dans le monde sont des femmes – une proportion bien plus élevée que dans l’entrepreneuriat «classique» (33%). Des entrepreneuses sociales qui pensent que l’entreprise ne doit pas se limiter à générer des profits, mais peut être un levier pour changer les choses. A l’occasion de la Journée de la Femme, découvrez le portrait de 21 d’entre elles aux 4 coins du monde, grâce à l’opération Women in Businesses For Good à laquelle Femmes d’Aujourd’hui, ainsi que 20 autres médias internationaux, participe.

Reconstruire des vies et des entreprises dans un pays marqué par la guerre

Aux heures les plus sombres de la guerre civile angolaise, Verónica José a apporté espoir et esprit d’entreprise dans des régions parmi les plus durement touchées du pays.

Verónica José possède un impressionnant CV et une expérience considérable de l’action sociale. Au cours des vingt dernières années, elle a transformé la vie de milliers d’Angolais grâce à des projets de micro-financement dans des régions parmi les plus pauvres et les plus reculées du pays. Quelque 20 000 personnes, pour la plupart des femmes, en ont déjà bénéficié.

En 1991, 19 ans à peine et un diplôme en comptabilité et audit en poche, Verónica José s’aventure au cœur de la zone touchée par la guerre civile. Des millions de personnes ont fui la capitale Luanda, en quête de sécurité. Village après village, elle ne rencontre que des femmes – les hommes et les garçons sont tous partis se battre.

Verónica José travaille alors pour l’organisation non gouvernementale Development Workshop (DW). Sa mission: accorder des microcrédits aux communautés laissées pour compte. L’idée était de donner aux femmes des outils leur permettant de transformer leurs activités informelles en entreprises afin de les aider à ramener de la nourriture à la maison.

En 1995, DW mène une enquête informelle qui débouche sur un premier programme de microcrédit et d’aide à la création d’entreprises commerciales pour les femmes, parrainé par l’Ambassade de France.

« Les gens étaient sceptiques », se souvient Verónica José. « Ils pensaient que l’argent serait perdu parce que les femmes ne le rembourseraient pas ». L’expérience révèle le contraire, et le groupe passe de 15 à 60 femmes.

Grâce à ces bons résultats, DW obtient de nouveaux financements, du gouvernement britannique cette fois. Cela débouche sur la création du Programme de subsistance durable, soutenu par trois ONG : DW, Care International et Save the Children.

En 1999, un spécialiste zimbabwéen rejoint l’équipe pour former les responsables des programmes de microfinance – une formation que Verónica José est la première à achever.

« Ce furent des jours difficiles », reconnaît l’entrepreneure militante. Ils ne connaissaient pas les personnes impliquées, donc c’était risqué. « Au cours de cette phase, le projet s’étend au-delà du marché Roque Santeiro, au centre-ville de Luanda, pour développer d’autres marchés informels en banlieue », dit-elle.

C’est ainsi que, grâce à la détermination de Verónica José, le Programme de subsistance durable arrive fin 2000 à Huambo. Située à environ 600 km au sud-est de Luanda, la ville se trouvait en zone de guerre. Le père de Verónica José la supplie de ne pas partir : la ville était détruite et n’avait plus aucune infrastructure. Pour la dissuader, sa famille et ses amis la préviennent que, dans le sud du pays, les gens n’avaient pas de culture d’entreprise et qu’elle perdait son temps.

« Je savais que ce serait une situation difficile, d’autant plus que je suis une femme », reconnaît-elle. Mais elle savait aussi que les habitants de Huambo avaient besoin de l’aide de Kixi Crédito. Elle ignore donc leurs conseils, laisse ses deux jeunes enfants avec ses parents et se met en route pour faire son travail.

Kixi Crédito est une institution qui octroie des microcrédits à hauteur d’un million de kwanzas (3,9 euros) à des personnes désireuses de créer ou de développer une entreprise, même informelle. Les fonds sont attribués et les périodes de remboursement définies en fonction de la capacité du client à gérer son entreprise.

« Nous avons deux types de clients : des particuliers et des groupes », explique Verónica José. Le client s’engage à rembourser le prêt et doit se montrer capable de développer une entreprise et d’améliorer la vie de la communauté. « Dans le cas d’un groupe, disons un groupe de trois membres, chacun doit garantir le prêt. Cela signifie que si l’un d’entre eux ne peut pas rembourser sa part, les autres la remboursent pour lui. Cela apporte un sentiment d’unité à la communauté ».

Rétrospectivement, Verónica José a compris que Huambo « était la plus grande aventure de [sa] vie ». Les tensions n’ont pas manqué, mais le plus important, c’est que les communautés se sont révélées capables de gérer des entreprises et d’utiliser au mieux les fonds. Le taux de remboursement a atteint 90 %.

Après trois ans à Huambo, Verónica José est retournée à Luanda avec un portefeuille de plus de 15 000 clients. Elle a depuis été promue adjointe aux opérations de crédit et, il y a 10 ans, directrice des ressources humaines. L’équipe s’est agrandie, tout comme le nombre d’antennes locales.

Malgré l’importance de son travail administratif, Verónica José regrette le contact direct avec les clients et les défis à relever à ses débuts. « C’est mon essence, mon ADN », dit-elle. « En Angola, il n’y avait pas d’institution de microfinance. Nous avons été les premiers à croire en l’homme, et à nous affirmer sur ce qui est devenu un marché de plus en plus compétitif ».

https://www.kixicredito.com/

Par Martins Chambassuco pour Expansão

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